Les travaux de restauration que les autorités turques se sont décidées à mener, après des décennies d’abandon, sur l’église arménienne Sainte Croix d’Akhtamar, qui s’élève sur une presqu’île du lac de Van, seraient réalisés avec des matériaux inadéquats, selon l’avis de membres d’une organisation spécialisée dans l’étude de l’architecture qui s’est rendue sur place le 14 août 2005. Si les travaux avancent, derrière les barrières érigées autour du chantier, le monument principal, l’église construite en 915-921 par l’architecte Manuel, donne des motifs d’inquiétude, dus à la présence de mazout et de goudron, et à l’installation de khatchkars sur les fresques très dégradées qui décorent l’espace intérieur. Les spécialistes arméniens n’ont pas été sollicités, ni d’ailleurs les experts indépendants de l’UNESCO qui avait recommandé la mise en oeuvre du chantier, par les autorités turques pour la restauration de cette église dont une plaque indique sommaire qu’elle appartient à la « période arménienne », en occultant toute référence à l’histoire arménienne de la région. D’après les témoignages des membres de l’équipe qui a visité les lieux, les habitants kurdes restés dans la région malgré la politique de déportation orchestrée en Anatolie orientale par Ankara, continuent à dégrader les monuments et les maisons ayant appartenu aux Arméniens. Par ailleurs, la propagande anti-arménienne bat son plein dans la ville voisine de Van, qui fut l’un des grands centres urbains de l’Arménie historique, dont le musée expose les crânes des Turcs massacrés par les Arméniens au début du XXe siècle. Selon des données de l’Unesco fournies en 1974, sur 913 monuments arméniens, 464 auraient été entièrement détruits, 252 réduits à l’état de ruines, 197 exigeant des travaux urgents de restauration.
