Le patriarche de l’Eglise orthodoxe éthiopienne a lancé mercredi une campagne de sensibilisation pour que les malades du VIH-sida aient recours aux antirétroviraux, et pas seulement à l’eau bénite et aux prières comme le recommandaient des religieux éthiopiens.
« Des Ethiopiens ont été désinformés par de fausses déclarations de membres du clergé leur interdisant de prendre les médicaments. Ce n’est pas normal », a déclaré l’Abune (patriarche) Paulos à Entoto, à environ cinq kilomètres au nord de la capitale éthiopienne Addis Abeba.
« Ce n’est pas un pêché ou un crime de les prendre, avec de l’eau bénite », a-t-il ajouté.
« Les antirétroviraux (ARV) procurent un remède, ils prolongent la vie et aident, mais ils n’accomplissent cela que grâce à la volonté de Dieu », a-t-il estimé, affirmant que « c’est Dieu qui a autorisé ces médicaments ».
Il réagissait aux affirmations de certains responsables orthodoxes éthiopiens, selon lesquelles l’eau bénite et la prière permettraient de se soigner du sida.
« Il n’y a pas si longtemps, l’idée de prendre les ARV en même temps que l’eau bénite était mal vu par l’Eglise. Même aujourd’hui des prêtres sont encore contre », a expliqué Solomon Zewdie, professeur à l’Université américaine John Hopkins qui soutient un centre de dépistage du sida à Entoto.
Plus d’une centaine de chrétiens ont participé à la cérémonie de sensibilisation organisée dans une vieille église d’Entoto. Le message du patriarche doit être repris dans les médias d’Etat.
Des malades du VIH-sida ont témoigné de l’efficacité des ARV. Ils ont aussi insisté sur les difficultés financières auxquelles ils sont confrontés pour acheter ces médicaments.
L’ambassadeur des Etats-Unis en Ethiopie, Donald Yamamoto, a quant à lui assuré que « combiner l’eau bénite et les médicaments contre le VIH-sida constituent un message important, où l’esprit, la grâce divine et la science se rencontrent ».
Un million et demi d’Ethiopiens sont atteints du virus du sida, selon le gouvernement, et près de 2,8 millions selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour une population estimée à plus de 70 millions d’habitants. Environ la moitié de la population éthiopienne est orthodoxe.
