L’épidémie de coronavirus continue à se propager en Arménie en dépit des efforts accrus déployés par le gouvernement pour rendre systématiques les mesures d’hygiène et de distanciation sociale dans une population sur laquelle repose la responsabilité d’endiguer. Le premier ministre Nikol Pachinian, qui en appelle au civisme des Arméniens, assorti de contraintes légales mais sans aller jusqu’à un reconfinement auquel il reste hostile pour des raisons économiques, l’a admis jeudi 18 juin. “Nous ne parvenons pas à réduire le nombre [d’infections] et nous connaissons les raisons de cela”, a déclaré le premier ministre en ajoutant : “La raison est que les règles anti-épidemiques ne sont pas massivement respectées, et nous devons recourir à des méthodes administratives toujours plus dures dans cet objectif, à savoir une observance [plus importante] des règles anti-épidemiques”. Des propos alarmistes qui tranchaient avec les déclarations du minstre de la santé Arsen Torossian, pourtant généralement plus pessimiste, qui avait fait état d’un certain ralentissement de l’épidémie. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes et le ministère arménien de la Santé avait annoncé un peu plus tôt dans la journée de jeudi que le nombre de cas confirmés de coronavirus avait augmenté de 665 dans les dernières 24 heures, portant à 18 700 le nombre total de cas recensés. Ce chiffre doit être mis en regard avec celui du 1er juin, soit un peu moins d’un mois après le deconfinement du 4 mai, qui faisait état de quelque 9 500 cas.
Le ministère a aussi annoncé la mort de 9 autres personnes infectées par le COVID-19, portant à 309 le bilan des décès dus directement au virus. A ce chiffre, il faut ajouter, selon le décompte des autorités sanitaires, les 101 autres patients infectés par le virus mais dont le décès est attribué à des pathologies préexistantes. S’exprimant lors de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan, Arsen Torosian avait souligné que les autorités déployaient tous leurs efforts pour tenter de ralentir la propagation continue du virus. A.Torosian a toutefois fait valoir que le nombre de nouveaux cas de coronavirus augmente moins que celui des lits d’hôpitaux affectés à leur traitement. Il a ainsi souligné que le nombre total de lits en soins intensifs avait augmenté de plus de 30% au cours des deux dernières semaines, et la plupart sont occupés. Selon Pachinian, les autorités extiments qu’il y aurait aussi des “dizaines de milliers de cas asymptomatiques” dans le pays qui compte un peu moins de 3 millions d’habitants. Tous les Arméniens devraient donc se considérer comme des porteurs potentiels du virus, a ajouté le premier, en invitant la population à se comporter comme tells et à donc observer toutes les précautions afférentes.
Pachinian a indiqué que les personnes non protégées, et sans masques, rassemblées dans les cours des immeubles ou se réunissant entre amis dans les appartements de Erevan et d’autres grandes localités “sont les principales sources d’infections”. “Là aussi, nous devrions mettre en place nos mesures administratives, même si nos ressources sont limitées”, a déclaré le chef du gouvernement devant les ministres. Pachinian avait déjà annoncé mardi que les autorités allaient doubler le nombre des équipes spéciales chargées de surveiller le port du masque par les citoyens et le respect des autres mesures de distanciation sociale et d’hygiène, dans les lieux publics ou dans les files d’attente. Dans le cadre de ces mesures, le gouvernement a invité les Arméniens à garder leurs papiers d’identité sur eux quand ils quittent leurs domiciles.
A.Torosian, qui s’était montré partisan, fin mai déjà, d’un nouveau confinement, avant de se ranger aux arguments de Pachinian, a laisse entendre toutefois que l’application plus stricte de ces règles ne suffirait pas à arranger la situation. “Aussi nombreuses que soient les forces de police, je ne peux imaginer un outil [plus efficace] que l’appel à la conscience de la population”, a déclaré le ministre. Les critiques du gouvernement arménien sont sceptiques quant à l’efficacité de la stratégie défendue par A. Torosian. Ils font valoir que la propagation du virus s’est accélérée de manière significative après que le gouvernement a commencé à lever les mesures de confinement à la mi-avril. Pachinian et d’autres hauts responsables se sont farouchement opposes à un reconfinement du pays. Le premier ministre avait souligné encore au début de la semaine que même une mesure drastique ne mettrait pas fin à la crise du coronavirus en l’absence d’une prise de conscience plus profonde des risques sanitaires par la population.
Mardi, le ministre de la santé Arsen Torossian avait rencontré l’ambassadeur des Etats-Unis en Arménie, Lynne Tracy, la directrice de la mission USAID en Arménie Deborah Grieser et la responsable du projet de l’USAID Astghik Grigoryan. La rencontre a porté essentiellement sur la situation liée au coronavirus en Arménie, sur la stratégie menée par le ministère arménien de la Santé et les actions prévues dans le cadre de la coopération avec l’organisme américain d’aide. A.Torosyan a souligné que la crise du coronavirus donnait l’opportunité d’améliorer la situation dans les hôpitaux dans les provinces surtout et de former sur le terrain le personnel soignant. L.Tracy a salué le dialogue engagé par le gouvernement arménien avec la population dans le cadre de cette crise qui a selon elle illustré la transparence de l’information visant à consolider la confiance du peuple dans le discours des du pouvoir. L’ambassadeur américain a fait part de la disposition des Etats-Unis à aider l’Arménie à surmonter la crise du COVID-19 crises, en soulignant qu’il fallait en priorité satisfaire aux besoins du système de santé. L’USAID a fourni de l’aide à l’Arménie par le biais des agences de l’Onu, notamment pour l’achat des tests nécessaires à la détection des cas de coronavirus, ainsi que d’équipements médicaux.
