Les accusations de fraude et corruption visant le vice-ministre arménien de la santé se précisent

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Le Service de sécurité nationale (SSN) d’Arménie a confirmé, lundi 1er avril, les accusations de corruption portées contre le vice-ministre arménien de la santé, Arsen Davtian, dont il a précisé qu’il avait été pris “la main dans le sac” la veille dans son bureau, et arrêté donc en flagrant délit de réception d’un pot de vin.

Le directeur d’un établissement hospitalier, dont l’identité n’a pas été précisée, aurait versé à A.Davtian une “somme très conséquente d’argent” en échange de promesses de financement plus importantes de son hôpital par le gouvernement. Le communiqué du SSN ajoute que les deux personnes impliquées dans cet accord seront poursuivies par la justice pour faits de corruption, tout en précisant que contrairement à A.Davtian, le directeur de l’hôpital n’avait pas été arrêté, en raison de son grand âge et de son état de santé preoccupant.

L’agence gouvernementale a souligné qu’elle poursuivait son travail d’investigation sur les pratiques frauduleuses qui auraient pu avoir cours plus généralement dans le secteur de la santé, et plus particulièrement les pots de vin versés par des hôpitaux publics comme privés en échange des aides du gouvernement, avec l’aval de A.Davtian, qui s’occupait de leur subventionnement.

Le ministre de la santé Arsen Torosian, à qui A.Davtian avait dû son poste de vice-ministre en mai 2018, au lendemain de l’accession au pouvoir de N.Pachinian, a déclaré lundi que son adjoint recevra la sanction “sévère” adéquate s’il est reconnu coupable. “De telles pratiques [de corruption] sont inadmissibles et condamnables”, a écrit le ministre sur sa page Facebook. “Nous exprimons notre soutien aux agences chargées de faire respecter la loi dans leur lutte contre la corruption”, a ajouté A. Torosian au nom de son équipe en ajoutant : “Nous croyons sincèrement que les révélations de faits de corruption et autres pratiques illégales dans le système [de la santé] contribueront à les éradiquer et à assainir le système”.

A.Davtian a été arrêté un mois après que A. Torosian a permis l’arrestation de deux representants du gouvernement accusés d’avoir tenté de tirer profit de fournitures médicales financées par le gouvernement et destinées à trois hôpitaux. Les fonctionnaires concernés occupaient d’importantes positions dans le Service de supervision de l’Etat (SSE), une agence gouvernementale chargée justement de combattre les irrégularités financières dans le secteur public.

Tous deux ont récusé avec véhémence les accusations dont ils font l’objet. Depuis qu’il a pris ses fonctions au ministère de la santé, A.Torosian n’a eu de cesse de répéter qu’il entendait éliminer la corruption largement répandue dans le système de santé arménien. En juillet 2018, il avait limogé Ara Minasian, qui dirigeait depuis des années le Centre medical Surb Grigor Lusavorich de Erevan, après l’avoir accusé d’avoir détourné au moins 545 millions de drams (1,1 million de $) de fonds publics. Les autorités compétentes arméniennes avaient peu après engagé des poursuites pour corruption contre A. Minasian.

Ce dernier, membre éminent du corps médical arménien, mais aussi père du gendre de l’ancien president Serge Sarkissian, Mikael Minasian, très influent politiquement et économiquement avant la “Révolution de velours” de Pachinian, avait récusé ces allegations, les jugeant sans fondement et politiquement motivées.

Une ligne de défense à laquelle ne peut se tenir quant à lui A.Davtian, porté au gouvernement de N.Pachinian à la faveur de cette “Révolution de velours” dont la lutte contre la corruption fut le principal mot d’ordre. L’affaire est de ce fait plutôt embarrassante pour N.Pachinian, qui s’était sans doute prématurément, il y a quelques mois déjà, félicité d’avoir “éradiqué la corruption” d’Arménie.

Mal endémique, implanté dans le pays bien avant l’ère communiste, la corruption ne pouvait disparaître en quelques mois, et cette affaire montre que la nouvelle équipe censée édifier, derrière Pachinian, une “nouvelle Arménie” où de telles pratiques n’auraient plus cours, n’est pas à l’abri des tentations de l’argent facile et de l’abus de pouvoir. Du moins, en jouant la carte de la transparence et en révélant les scandales de corruption, les nouvelles autorités entendent montrer leur engagement sans faille à lutter contre ce fléau.

Les prédécesseurs de N.Pachinian avaient, eux aussi, intenté des procès pour corruption, mais ceux qui étaient les cibles d’une justice aux ordres se disaient, parfois à juste titre, victimes de règlements de comptes politiques.

En se déclarant irréprochable, le nouveau pouvoir en place à Erevan a placé la barre plus haut, et le moindre faux pas de l’un de ses représentants risque de faire trembler l’ensemble de l’édifice.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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