Les agissements du rédacteur en chef du Los Angeles Times déclenchent la fureur de la Communauté.
par Harut Sassounian.
Editeur, The California Courier.
La colonne de la semaine dernière concernant les agissements de Douglas Frantz,
rédacteur du L.A.Times, accusé de pratiques discriminatoires contre le reporter
Mark Arax, a envoyé une onde de choc dans la Communauté. Frantz avait censuré la
publication d’un article écrit par Arax, journaliste chevronné, sur la résolution
concernant le Génocide des Arméniens, au Congrès U.S.
Ma précédente colonne a fait l’objet de scores par des sites web, d’évaluation et
de commentaires du L.A.Weekly, de Hurriyet un des journaux les plus importants en
Turquie, de plusieurs services de télégrammes, et de nombreux autres journaux du
monde , en diverses langues. Cet écrivain a également été interviewé par Larry
Mantle sur radio KPCC, Sud-Californie, il a aussi été vu sur le show tv Larry
Zarian, qui est diffusé à Glendale, Burbank, La Crescenta, Montrose et La Canada.
Dans les jours qui suivirent la parution de cet article, alors que des centaines
d’e-mails critiques se sont déversés dans la salle de rédaction, plusieurs
responsables du Los Angeles Times commencèrent à diffuser des communiqués pour
répondre à ces réclamations.
L’e-mail envoyé par David Hiller, éditeur du Times, était à la fois impartial et
judicieux. Il a assuré les lecteurs qu’il prenait très au sérieux ces accusations
discriminatoires. Hiller a déclaré qu « ‘il ne tolèrerait aucune discrimination
basée sur l’ethnie, la race, la religion ou de quelqu’ autre origine. Ceci inclut
la manière dont les sujets sont attribués aux reporters, et la manière dont ils
sont traités dans le processus de l’édition… Je suis fier de la manière dont
est traité le Génocide des Arméniens au Times, mais aussi des positions que nous
avons prises dans nos pages d’éditoriaux. Je suis également fier et reconnaissant
de l’accueil et de l’appui que m’ont réservé mes amis de la communauté
Arménienne du Sud-Californie, depuis mon arrivée ici il y a six mois. J’ espère
poursuivre cette excellente relation et la communication solide et ouverte sur
laquelle elle s’appuie. »
La seconde réaction émane de Jim O’Shea, le rédacteur en chef du L.A Times. Dans
un mémo au personnel, il indique être en train de répondre aux plaintes émanant
de lecteurs et de nombreux membres du personnel qui lui avaient écrit ces derniers
jours. Il dit reconnaître « la gravité de cette question » et prendre ces plaintes
» très au sérieux. » Bien que O’Shea ait annoncé qu’une enquête interne était en
cours, il démarre au quart de tour et s’empresse de défendre son confrère Frantz
avant même la conclusion de l’affaire. Tout en disant vouloir » rétablir la
situation causée par la publicité inexacte faite autour de cette question », il
parvient lui même à faire plusieurs déclarations erronées et trompeuses.
O’ Shea réitère dans son mémo, la récente accusation infondée de Frantz sur la
tension de la part de Mark Arax, contestant à nouveau quoi qu’il en soit
l’intégrité de ce reporter professionnel. O’Shea a caché le fait que l’enquête
effectuée a prouvé que la prétendue » pétition » dont Arax et cinq autres
reporters sont accusés d’avoir sigtné , n’était pas une pétition mais une lettre
qui informait tout simplement les rédacteurs et le personnel de leur déviation de
la ligne du journal, de se referrer au Génocide des Arméniens, en terme de
Génocide. La répétition de telles accusations contre Arax, faites par O’Shea, ne
sert qu’à régler à l’amiable les problèmes légaux potentiels du journal, et
expose probablement le Times à d’autres procès préjudiciables.
De plus le mémo de O’ Shea contenait de nombreuses déclarations erronées :
— Il déclarait que le Times avait mis le sujet » en suspens » pendant une semaine.
En fait le sujet attendait depuis deux semaines, avant de disparaître et d’être
éventuellement remplacé par un récit plus fade écrit par Richard Simon sur la
résolution concernant le Génocide des Arméniens.
— O’ Shea a déclaré que » les faits additionnels dévoilés » par Simon le nouveau
reporter désigné pour le sujet, « et impliquant la position de Nancy Pelosi
Président de la Chambre , sur la résolution « étaient faux. En fait il n’y avait
rien de nouveau et d’important dans cette histoire. Pelosi n’avait même jamais
parlé à Simon.
— O’ Shea s’est targué que le Times avait procédé à un minutieux travail de
couverture de la communauté Arménienne, et a cité 67 récits mentionnant l’
Arménie ou les Arméniens durant les deux dernières années. Il omet cependant de
mentionner que plusieurs de ces articles avaient dénaturé le Génocide des
Arméniens, et ce n’est qu’après des réclamations répétées, qu’ une
rectification était publiée à contre-coeur. Le rédacteur aurait-il inclus ces
rectifications dans son décompte des 67 récits? Bien plus, même au milieu de
cette controverse, alors qu’il couvrait une manifestation pour la reconnaissance du
Génocide des Arméniens, le Times a publié dans son édition du 25 avril, une
photo avec la légende : « …la manifestation annuelle du Génocide marquant le jour
en 1915, dont les Arméniens disent que la Turquie a commencé des déportations de
masse, des arrestations et des exécutions ».
Heureusement O’ Shea a terminé sa lettre sur un note positive en notant qu’ il »
n’accepterait jamais que quiconque parmi le personnel, prenne des décisions sur un
sujet né d’une tension , ou sur l’origine ethnique de son auteur. Néanmoins, il
s’est décrédibilisé en ajoutant : » dans le cas présent, cela ne s’est pas
produit, » présumant ainsi de l’ issue de l’investigation interne du journal.
L’ un des communiqués publics les plus indigestes, était celui de Simon K.C.Li,
adjoint de la rédaction du journal, qui s’est précipité dans une défense aveugle
de son chef, Douglas Frantz. Dans une lettre au L. A. Weekly, Li réprimande
l’auteur Daniel Hernandez parce qu’il répète » une insinuation malveillante tirée
d’un écrit de Harut Sassounian, » et fournit une explication longue et tortueuse sur
la manière dont Frantz s’est retrouvé dans la fonction de modérateur d’un panel,
dans une conférence qui doit se tenir en mai à Istanbul et auquel participera le
négationiste Andrew Mango.
Li explique que Frantz devait initialement interviewer Orhan Pamuk et Elif Shafak
lors de cette conférence. Cela ne s’est pas fait – Li prétend ne pas savoir
pourquoi – Frantz a été dirigé vers le second panel, mais là encore cela ne
s’est pas fait et il a finalement été chargé du troisième panel avec le
négationiste Mango « au terme d’une série d’ incidents. » Li n’était pas en mesure
d’expliquer pourquoi Frantz a démissioné du panel après avoir découvert
l’identité des participants.
Imperturbable, Li affirme ignorer » si la description de Mango faite par Sassounian
est exacte ou largement acceptée. » Il est amusant de constater que le rédacteur
adjoint du L. A. Times n’a pas pensé taper dans sa barre de recherche google le nom
de Mango, ce qui lui aurait permis de connaître son identité et sa position sur le
Génocide des Arméniens. Quoi qu’il en soit, Li a poursuivi en insultant les
lecteurs du L. A. Weekly en les qualifiant de » tortueux, irréfléchis, [ et ]
crédules . On peut espérer que si Frantz partait, il emmenerait Li avec lui.
Finalement la cellule représentant les lecteurs au Times , agissant davantage comme
représentants de la direction , a répondu aux auteurs des plaintes adressées au
journal, pour leur dire qu’ils ne posédaient pas » tous les éléments du dossier
« , délivrant encore un autre communiqué offensif de Frantz. Le problème avec ce
communiqué est qu’il reprend l’accusation sans fondement de Frantz contre Arax,
transigeant ainsi au sujet de sa conduite discriminatoire envers les reporters
Arméno-Américains et s’exposant lui-même à des problèmes légaux.
Dans une lettre ouverte envoyée à ses confrères du Times le 30 avril, Arax
détaille les actions de Frantz et lui demande des excuses publiques, ce qui ne
semble pas être une demande démesurée compte tenu de la gravité de sa conduite.
Il conviendrait que la direction du L. A. Times résolve son problème Douglas
Frantz le plus tôt possible, avant que la réputation de ce vénérable journal
soit entâchée.
Traduction : Gisèle.
> Message du 02
