Au deuxième mois du blocus imposé par l’Azerbaïdjan, les autorités arméniennes du Haut-Karabagh ont annoncé lundi 13 février qu’elles allaient procéder au rationnement d’autres produits alimentaires de base, pour faire face aux pénuries occasionnées par le blocage, par une poignée de manifestants azéris se disant écologistes, de l’unique route reliant le territoire arménien à l’Arménie. Les autorités avaient émis les premiers coupons de rationnement destinés à la population du Karabagh le mois dernier, alors que les pénuries affectaient déjà durement les quelque 120 000 habitants du territoire enclavé. En vertu de ce rationnement, chaque habitant du Karabagh ne pouvait acheter plus d’un litre d’huile de tournesol, d’un kilogramme de riz, de pâtes de farine et de sucre par mois. Armen Mangasarian, le ministre des affaires sociales du Karabagh, a indiqué qu’ « à compter du 21 février, il est prévu de rallonger la liste des denrées de base soumises aux coupons de rationnement ”, lors d’une réunion du groupe de travail du Karabagh chargé de lutter contre les effets du blocus. “Actuellement, des actions organisationnelles et techniques sont menées dans cette direction ”, a ajouté le communiqué officiel publié à l’issue de cette rencontre, sans préciser la nature des denrées visées par ce rationnement. Ruben Vardanyan, le premier ministre du Karabagh qui présidait cette réunion à Stepanakert, aurait indiqué selon ce communiqué : “Même si les défis sont importants, la société y fait face avec dignité ”. Ces deux mois de blocus, marqués par des coupures sporadiques de l’approvisionnement en électricité et en gaz naturel livré par l’Arménie, a provoqué une paralysie de l’activité économique au Karabagh. Plus de 5 000 habitants du territoire arménien ont perdu leur emploi du fait de ce blocus, selon le gouvernement du Karabagh. Le gouvernement du Karabagh avait décidé au début du mois de verser à chacun de ces salariés au chômage forcé une somme d’un montant de 68 000 drams (170$) au titre de compensation. En outre, les parents privés de leur emploi recevraient la somme de 40 000 drams par enfant. Les Etats-Unis, l’Union européenne et la Russie ont appelé à plusieurs reprises l’Azerbaïdjan à rouvrir le corridor de Latchine bloqué depuis le 12 décembre par les manifestants azéris soutenus par le régime de Bakou. En vain, Bakou étant resté sourd à ces appels et persistant à légitimer l’action de ces manifestants qui exigent l’arrêt de l’exploitation qualifiée d’ « illégale » des mines de cuivre et d’or du Karabagh. Alors que les autorités russes affirment que le contingent russe de soldats de la paix poursuit sur le terrain ses efforts en vue de faire lever le blocus, et mener des négociations en ce sens avec les autorités azéries, le président du Haut Karabagh Arayk Harioutiounian déclarait de son côté qu’il était temps de passer des pourparlers aux actes pour mettre fin à ce blocus que l’Arménie a condamné comme une violation manifeste des termes du cessez-le-feu imposé sous l’égide de la Russie le 9 novembre 2020 qui avait mis un terme à six semaines de guerre au Karabagh.
