Les troupes azerbaïdjanaises continuent de tirer au mortier sur des villages du Haut-Karabakh et d’entraver l’approvisionnement en gaz naturel du territoire coupé en début de semaine, ont déclaré vendredi des responsables à Stepanakert.
La police du Karabakh a déclaré que la partie azerbaïdjanaise avait pris pour cible trois villages situés à la limite du district d’Aghdam, à l’est du Karabakh, en utilisant des mortiers et des mitrailleuses lourdes. Personne n’a été blessé.
L’un de ces villages, Khnapat, aurait été bombardé tout au long de la journée. Un agriculteur local, Barsegh Avanesian, a dû courir pour se mettre en sécurité lorsqu’un obus de mortier a explosé près de son verger de grenadiers dans la matinée.
« Il a atterri à environ 300 mètres de moi », a déclaré Avanesian au service arménien de RFE/RL. « Un autre a explosé cinq minutes plus tard ».
Les bombardements ont interrompu les cours dans l’école et le jardin d’enfants de Khnapat. Les enfants qui les fréquentaient ont été évacués par leurs parents, selon la directrice de l’école, Lyudmila Mosiyan.
« Nous avons commencé les cours comme d’habitude à 9 heures du matin », a déclaré Mosiyan. « Nous avons entendu les premières explosions vers 10 heures. Nous avons fait descendre les enfants dans l’abri anti-bombes juste après avoir entendu le bruit puissant d’une deuxième explosion. Puis les parents sont venus en voiture et ont escorté les élèves jusqu’à leurs maisons de manière organisée. »
Selon les autorités locales, le village voisin de Khramort et les terres agricoles adjacentes ont également été bombardés, le point central des tirs azerbaïdjanais signalés au cours de la semaine dernière. Les troupes de maintien de la paix russes y ont installé jeudi deux postes d’observation mobiles afin d’empêcher de nouveaux bombardements.
Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a nié avoir pris des civils pour cible. Il a accusé les forces arméniennes de tirer sur ses troupes déployées dans le district d’Aghdam.
Les dirigeants du Karabakh affirment que Bakou a intensifié les violations de la trêve à la fin de la semaine dernière dans le cadre de ses efforts pour semer la panique parmi les Arméniens du Karabakh et dépeupler le territoire contesté. Ils ont établi un lien entre les tirs d’obus et une explosion apparente qui a mis hors service, lundi soir, le seul gazoduc alimentant le Karabakh en gaz naturel en provenance d’Arménie.
Les ménages, les écoles et autres installations essentielles du Karabakh sont restés sans gaz pour le quatrième jour consécutif. Les autorités de Stepanakert ont déclaré que les troupes azerbaïdjanaises ne permettent toujours pas aux travailleurs des services publics du Karabakh et aux forces de maintien de la paix russes de s’approcher du site de l’accident.
Invoquant le manque de chauffage qui en résulte dans les écoles et les jardins d’enfants du Karabakh, les autorités ont décidé vendredi de suspendre les cours pendant une semaine.
Pendant ce temps, l’Arménie a continué à réagir très prudemment à ce qui est l’une des plus graves escalades des tensions dans et autour du Karabakh depuis la guerre de 2020 avec l’Azerbaïdjan.
Au milieu d’informations faisant état de violations continues du cessez-le-feu dans cette région, le ministère arménien des affaires étrangères a réaffirmé la volonté déclarée d’Erevan de négocier un « traité de paix » avec Bakou. Le porte-parole du ministère, Vahan Hunanian, a déclaré dans la soirée qu’il demanderait « probablement » aux coprésidents américain, russe et français du groupe de Minsk de l’OSCE d’organiser des pourparlers arméno-azerbaïdjanais à cette fin.
L’Azerbaïdjan fait pression en faveur d’un tel traité depuis sa victoire dans la guerre de 2020. Les dirigeants azerbaïdjanais affirment qu’il doit engager l’Arménie à reconnaître la souveraineté azerbaïdjanaise sur le Karabakh.
