Les détails du bail de 98 ans du Patriarcat arménien sont révélés, par Harout Sassounian

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Ces derniers mois, de nombreux lecteurs m’ont contacté pour me demander d’écrire sur la controverse concernant la location par le Patriarcat arménien de Jérusalem d’environ 25% du quartier arménien à un investisseur juif pour une durée de 98 ans. Cependant, les détails du contrat de location n’ayant pas été rendus publics, je n’ai pas été en mesure d’écrire sur ce sujet.

Pour tenter de connaître les faits, j’ai appelé à deux reprises le patriarche arménien de Jérusalem, Nourhan Manougian, pour lui demander une copie du contrat. Il n’a pas répondu. J’ai parlé au père Baret Yeretzian, aujourd’hui défroqué, l’un des signataires du contrat, qui m’a dit qu’il n’avait pas de copie du contrat. J’ai tenté à plusieurs reprises, sans succès, de contacter certains des avocats qui ont effectué une mission d’enquête à Jérusalem et rédigé un rapport de 184 pages. On m’a dit que le rapport n’avait pas été rendu public parce qu’il contenait des informations sensibles. J’ai également contacté un militant arménien à Jérusalem et l’un des sponsors de la mission d’enquête.

Bien que je n’aie toujours pas vu de copie du rapport ou du contrat, je viens de lire un article révélateur sur le site web de Keghart qui publie une interview d’un militant arménien de Jérusalem qui avait une copie du rapport de 184 pages, y compris le contrat dont l’une des pages manquait. J’ai décidé d’écrire sur ce que j’ai appris jusqu’à présent, même si je préfère examiner personnellement les copies du contrat et du rapport.

Pour ceux qui ont suivi les différents scandales impliquant le Patriarcat arménien de Jérusalem, il n’y a rien de surprenant : c’est triste, mais ce n’est pas surprenant. De tels baux fonciers et ventes secrètes d’objets précieux appartenant au Patriarcat ont lieu depuis des décennies.

Le scandale actuel n’est pas seulement une transaction commerciale douteuse. Il a des répercussions politiques compte tenu de la controverse entre les Palestiniens et l’État d’Israël au sujet de Jérusalem. Il a également des conséquences sur la survie de la communauté arménienne de Jérusalem, en perte de vitesse.

Le contrat de location a été signé par trois ecclésiastiques : Le patriarche Nourhan Manoughian, le père Baret Yeretzian, aujourd’hui défroqué, et l’archevêque Sevan Gharibian. Le père Baret, ancien directeur du bureau immobilier du patriarcat, ayant fait l’objet de vives critiques, beaucoup estiment que le patriarche a tenté de rejeter la responsabilité sur le père Baret, en faisant de lui un bouc émissaire. Néanmoins, le roi Abdallah II de Jordanie, historiquement le gardien des lieux saints de Jérusalem, et Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité nationale palestinienne, dans une annonce commune, ont blâmé le patriarche et suspendu leur reconnaissance de l’archevêque Manougian comme patriarche de l’Église arménienne à Jérusalem, en Terre sainte et en Jordanie.

Hagop Djernazian, un activiste arménien à Jérusalem, a déclaré à Keghart que l’investisseur juif australien, Rubinstein/Rothman, prévoit de construire un hôtel sept étoiles sur le « Goverou Bardez » (le jardin des vaches), le terrain loué au Patriarcat arménien. La superficie de la propriété louée est de 11 500 mètres carrés ou 123 785 pieds carrés. Le paiement annuel au Patriarcat s’élève à 300 000 dollars. Cependant, le Père Baret m’a dit que le revenu sera de 5% des bénéfices de l’hôtel, ce qui peut varier d’une année à l’autre. M. Djernazian a précisé que le terrain loué comprend actuellement cinq maisons arméniennes, le jardin du patriarche, le parking privé du patriarche ainsi que le hall du séminaire. À la fin des 49 premières années, l’acheteur a la possibilité de renouveler le bail pour 49 années supplémentaires.

M. Djernazian a également expliqué que les avocats ont obtenu une copie du contrat d’un tiers inconnu, et non du Patriarcat ou de la municipalité de Jérusalem, mais il insiste sur le fait que le contrat est authentique, car « nous avons pu le confirmer auprès du Patriarcat ».

Le patriarche Manougian, sous la pression des Arméniens du monde entier, a promis d’annuler le contrat, mais une annulation unilatérale pourrait entraîner des poursuites judiciaires et des pénalités financières. Un représentant de l’Autorité palestinienne a déclaré qu’il serait prêt à payer la pénalité pour l’annulation. Toutefois, M. Djernazian ne semble pas être au courant de cette promesse, comme il l’a déclaré à M. Keghart : « Si de l’argent est nécessaire, je suis sûr que le Patriarcat, la communauté et la nation arménienne travailleront ensemble pour réunir la somme nécessaire au paiement de la pénalité d’annulation ».

Selon M. Djernazian, le contrat pose plusieurs problèmes :

1) Il viole les statuts du Patriarcat ;

2) La date du contrat est modifiée et passe du 7 au 8 juillet 2021, afin de refléter la date à laquelle la société de l’investisseur, Xana Gardens Limited, a été enregistrée en Israël. Le père Baret a expliqué cette divergence par une simple erreur de frappe.
Les prochaines étapes pour résoudre cette question épineuse ne sont pas claires. La communauté arménienne de Jérusalem pourrait engager des avocats israéliens pour poursuivre le patriarche ou l’investisseur juif, mais personne d’autre que le patriarche et l’investisseur juif n’a le droit d’ester en justice.

Compte tenu de l’importance de Jérusalem dans le monde et de la présence arménienne dans la ville sainte depuis le quatrième siècle, ce bail présente un intérêt pour tous les Arméniens du monde ainsi que pour les Palestiniens, l’État d’Israël et le roi de Jordanie.

Cependant, nous n’avons pas entendu parler du gouvernement arménien, qui pourrait officiellement contacter l’État d’Israël pour lui faire part de ses souhaits. Cependant, les dirigeants arméniens ont les mains pleines en ce moment, étant donné la situation précaire de l’Artsakh et de l’Arménie.

Harut Sassounian
Éditeur, The California Courier
www.TheCaliforniaCourier.com

La rédaction
Author: La rédaction

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