Évitant une nouvelle confrontation avec les parents en colère de soldats tombés au combat, le Premier ministre Nikol Pachinian et d’autres hauts responsables ne se sont pas rendus mardi 27 septembre au principal cimetière militaire arménien pour marquer le deuxième anniversaire de la guerre dévastatrice du Haut-Karabakh.
La guerre a éclaté tôt le 27 septembre 2020, lorsque l’Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire de grande envergure le long de la « ligne de contact » arméno-azerbaïdjanaise autour du Karabakh. L’armée azerbaïdjanaise s’est emparée de quatre districts au sud du territoire contesté peuplé d’Arméniens, ainsi que du district de Hadrut, dans le sud du Karabakh, et de la ville de Shushi (Choucha), avant qu’un cessez-le-feu négocié par la Russie ne mette fin aux hostilités le 10 novembre.
Dans les semaines qui ont suivi, Bakou a également repris le contrôle des trois autres districts occupés par les forces arméniennes du Karabakh au début des années 1990. L’accord de trêve négocié par le président russe Vladimir Poutine a également entraîné le déploiement de 2 000 forces de maintien de la paix russes au Karabakh.
Selon les autorités arméniennes, 3 825 soldats arméniens et 80 civils ont été tués au cours de cette guerre de six semaines. Au moins 203 autres militaires sont toujours portés disparus.
Tôt le matin, les parents de plusieurs dizaines de soldats tués au combat se sont rassemblés au Panthéon militaire de Yerablur, à Erevan, pour tenter d’empêcher Pachinian d’y déposer des fleurs dans le cadre des cérémonies officielles prévues pour marquer l’anniversaire de la guerre. Ils le tiennent pour responsable de la mort de leurs fils.
Les mêmes manifestants ont tenté en vain de perturber une cérémonie de dépôt de gerbe dirigée par M. Pachinian lors du jour de l’indépendance de l’Arménie, le 21 septembre. La police anti-émeute a dispersé la manifestation et arrêté des dizaines de ses participants, provoquant le tollé de l’opposition et des groupes civiques.
Pachinian, les membres de son gouvernement et de son équipe politique, ainsi que le président Vahagn Khachaturian ont décidé de ne pas se rendre à Yerablur cette fois-ci. Selon les médias pro-gouvernementaux, ils ne voulaient pas provoquer de nouvelles tensions dans le cimetière où reposent des centaines de victimes arméniennes de la guerre de 2020.
« Aujourd’hui, nous nous inclinons une fois de plus et commémorons les guerriers tombés au combat lors de la guerre de 44 jours, qui ont lutté pour mettre fin à la menace existentielle à laquelle étaient confrontés nos compatriotes », a déclaré le ministère arménien des Affaires étrangères dans un communiqué publié à cette occasion.
Le ministère a déclaré que la guerre de six semaines a démontré « la politique d’État de l’Azerbaïdjan de nettoyage ethnique des Arméniens de l’Artsakh ».
« Aujourd’hui encore, par le recours à la force et la menace du recours à la force, l’Azerbaïdjan tente de réaliser ses aspirations maximalistes, rejetant le fait même de l’existence du Haut-Karabakh en tant qu’unité territoriale et le conflit du Haut-Karabakh », a-t-il ajouté.
L’anniversaire de la guerre a également été marqué en Azerbaïdjan, dont le gouvernement a reconnu la mort de plus de 2 900 combattants et civils. Le pays a observé une minute de silence à la mémoire de ses morts de guerre.
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