Les dirigeants de l’Union européenne et de ses principaux États membres, la France et l’Allemagne, ont exprimé leur ferme soutien à l’intégrité territoriale de l’Arménie et ont promis une aide accrue aux réfugiés du Haut-Karabakh lors de leur rencontre avec le Premier ministre Nikol Pashinian ce jeudi.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev devait également participer à la réunion organisée en marge d’un sommet de l’Union européenne dans la ville espagnole de Grenade. Il s’est toutefois retiré à la dernière minute, invoquant des déclarations pro-arméniennes faites par des dirigeants français et le rejet de sa demande d’autoriser le président turc Recep Tayyip Erdogan à participer aux pourparlers.
Un haut responsable de M. Aliyev a déclaré jeudi qu’il était prêt à organiser « bientôt » une réunion trilatérale avec M. Pashinian ainsi qu’avec le président du Conseil européen Charles Michel à Bruxelles.
Une déclaration conjointe publiée après les pourparlers de Grenade a déclaré que Michel, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz « ont souligné leur soutien indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’inviolabilité des frontières de l’Arménie. »
« Ils ont également exprimé leur soutien au renforcement des relations UE-Arménie, dans toutes ses dimensions, sur la base des besoins de la République d’Arménie. Ils sont convenus de la nécessité de fournir une aide humanitaire supplémentaire à l’Arménie, qui doit faire face aux conséquences du récent déplacement massif d’Arméniens du Karabakh », ajoute la déclaration.
L’UE a alloué 5,2 millions d’euros (5,5 millions de dollars) d’aide humanitaire aux réfugiés peu après l’exode massif de la population arménienne du Karabakh à la suite de l’offensive azerbaïdjanaise des 19 et 20 septembre. Ursula von der Leyen, chef de la Commission européenne, a déclaré plus tôt ce jeudi que l’organe exécutif de l’UE doublerait cette somme, en plus de donner au gouvernement arménien 15 millions d’euros sous forme de « soutien budgétaire direct ». Mme Von der Leyen s’est entretenue séparément avec M. Pashinian à Grenade.
La prise de contrôle du Karabakh par l’Azerbaïdjan a renforcé les craintes d’Erevan que Bakou n’attaque également l’Arménie pour ouvrir un corridor terrestre exterritorial vers l’enclave azerbaïdjanaise de Nakhitchevan. Michel, Macron et Scholz ont semblé faire allusion à une telle possibilité dans leur déclaration commune avec Pashinian. La déclaration appelle au « strict respect du principe de non-recours à la force et à la menace de recours à la force ».
Mercredi, M. Pashinian a indiqué que lui et M. Aliyev étaient sur le point de signer à Grenade un « document-cadre » définissant les principaux paramètres d’un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et la délimitation de la longue frontière entre les deux États du Caucase du Sud. Il a déclaré qu’il espérait toujours que ce document serait signé « au moment opportun ».
Bakou et Erevan sont en désaccord, du moins jusqu’à présent, sur le mécanisme de délimitation de la frontière. La partie arménienne a insisté pour utiliser les cartes militaires soviétiques de 1975 à cette fin.
Les dirigeants européens ont clairement soutenu la position d’Erevan lors des pourparlers de Grenade. Leur déclaration commune fait état de la « nécessité urgente de travailler à la délimitation de la frontière sur la base des cartes les plus récentes de l’état-major de l’URSS qui ont été fournies aux parties ».
