Les indications se multiplient selon lesquelles la menace américaine de frapper de sanctions secondaires les entreprises financières facilitant les affaires avec la Russie pourrait avoir refroidi le commerce turco-russe. Les exportations turques vers la Russie ont chuté de 30,4 % en glissement annuel pour atteindre 551 millions de dollars en janvier, selon les données d’une association commerciale.
L’Assemblée turque des exportateurs a enregistré cette chute brutale des exportations par rapport aux 972 millions de dollars de janvier 2023.
Les sanctions américaines ont perturbé ou ralenti certains paiements pour le pétrole russe importé par la Turquie et les marchandises turques expédiées en Russie, selon sept sources familières de la question, citées par Reuters le 19 février. Ce rapport fait suite à une chute de près de quatre fois des échanges de la monnaie turque à la bourse de Moscou. Cette baisse a été enregistrée en janvier, lorsque les sanctions bancaires ont frappé les règlements bancaires par l’intermédiaire des banques turques, qui ont rompu leurs relations de correspondance avec les banques russes et fermé les comptes d’entreprises russes.
L’Assemblée turque des exportateurs a indiqué que les exportations de produits chimiques ont chuté de 41,1 %, celles de légumes et de fruits frais de 20,4 % et celles de voitures de 7,6 %, ce qui correspond à des baisses d’une année sur l’autre. Les exportations de machines ont diminué de 23,9 % et les expéditions d’équipements électroniques et électriques de 48,8 %.
C’est en décembre que les États-Unis ont publié un décret qui semble avoir compliqué certains paiements turcs pour le brut russe ainsi que les paiements russes pour une gamme plus large d’exportations turques, selon les sources de Reuters.
La Turquie, qui pendant la guerre en Ukraine s’en est tenue à une politique de maintien de bonnes relations avec Moscou et Kiev, n’a pas imposé de sanctions en cas de conflit avec la Russie, mais affirme faire suffisamment d’efforts pour s’assurer que ses négociants respectent les sanctions occidentales imposées au Kremlin. Néanmoins, les grandes capitales occidentales sont de plus en plus troublées par les indications de flux d’exportation substantiels d’articles à « double usage », qui peuvent être utilisés par l’industrie de la défense russe, à destination d’acheteurs russes depuis, ou via, la Turquie, membre de l’OTAN. Les efforts visant à garantir le respect des sanctions par la Turquie ont donc été intensifiés.
Selon quatre sources citées par Reuters, les nouveaux problèmes de paiement sont liés au fait que les banques turques examinent méticuleusement les affaires et renforcent le respect des sanctions à l’égard des clients russes. Ces problèmes n’ont toutefois pas perturbé l’approvisionnement en brut de la Turquie, ne retardant qu’un petit nombre de cargaisons, selon deux sources de l’industrie pétrolière ( …)
En signant le décret, le président américain Joe Biden a menacé les entreprises qui aident la Russie à contourner les sanctions de perdre leur accès au système financier américain. Les institutions financières qui font des affaires pour le compte des personnes visées par les sanctions américaines sont menacées, selon le décret.
Au début du mois de février, le Kremlin a déclaré qu’il était au courant du fait que les banques turques renforçaient les règles applicables aux clients russes en raison de la pression « agressive » exercée par les États-Unis. Il a ajouté qu’il travaillait avec Ankara pour trouver des solutions. Il semble que des solutions n’aient pas encore été trouvées et appliquées.
Le 16 février, Elvira Nabiullina, gouverneur de la banque centrale russe, a fait remarquer que des difficultés supplémentaires sont apparues pour la Russie dans les transactions de commerce extérieur liées aux règlements et à la logistique.
