Les habitants du Haut-Karabagh se sont rendus aux urnes mardi lors des élections présidentielles et législatives, fermement condamnées par l’Azerbaïdjan.
14 candidats se sont présentés au scrutin présidentiel. Seuls trois d’entre eux auraient une chance de succéder à Bako Sahakian, président sortant du Karabagh, en poste depuis 2007. Il s’agit de l’ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Sahakian, Arayik Harutiunian, Masis Mayilian, et du général à la retraite Vitaly Balasanian.
Aucun d’entre eux n’a été ouvertement soutenu par les gouvernements de Sahakian ou d’Arménie pendant la campagne électorale.
12 partis et blocs étaient en lice pour les 33 sièges au Parlement local. La plupart de leurs principaux dirigeants se sont également présentés aux élections présidentielles.
Les élections se sont déroulées malgré de graves inquiétudes quant à la propagation du coronavirus au Karabagh. Les autorités de Stepanakert, qui n’ont jusqu’à présent enregistré aucun cas de Coronavirus, ont rejeté les appels à leur report formulés par plusieurs candidats à la présidence et des personnalités éminentes en Arménie. Ils ont justifié cela par le fait que les mesures de précaution qu’ils prenaient minimiseraient les risques pour la santé.
Les critiques sont particulièrement préoccupées par l’arrivée de centaines d’observateurs électoraux en provenance d’Arménie où le nombre de cas de coronavirus a dépassé 500 mardi matin. Les autorités rétorquent que les observateurs ainsi que les journalistes arméniens ont subi des tests COVID-19 juste avant de se rendre au Karabagh. Toutes les autres personnes d’Arménie ont été temporairement interdites la semaine dernière d’entrer au Karabagh.
De nombreux citoyens du Karabagh semblaient également imperturbables face à la menace du coronavirus, affluant vers des bureaux de vote désinfectés tout au long de la journée. Chaque électeur a reçu un masque facial, des gants et un stylo à usage unique lors de leur entrée dans le bureau de vote. Les responsables des élections portaient également des masques et des gants de protection.
Avec un ou deux électeurs à la fois autorisés à pénétrer dans la plupart des 281 bureaux de vote du Karabagh, des longues queues se sont formées devant bon nombre d’entre eux dès tôt le matin. Selon la Commission électorale centrale, environ la moitié des 104 000 électeurs éligibles du territoire arménien avaient voté à 14 h.
«Le taux de participation est très élevé, s’est félicité Kajik Harutiunian, président d’une commission électorale de circonscription à Stepanakert. Les gens ont commencé à faire la queue dès 8 heures du matin ».
Bakou a toujours condamné la tenue des élections au Karabagh comme étant illégitimes. Son commentaire concernant ces dernières élections a été tout aussi négatif. Dans un communiqué publié mardi, le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a dit que cela allait à l’encontre du droit azerbaïdjanais et international. « Le régime illégal installé par l’Arménie dans les territoires occupés de l’Azerbaïdjan est le produit de l’agression, du nettoyage ethnique et de la discrimination raciale », indique le communiqué.
L’Union européenne a également critiqué les élections au Karabagh, affirmant qu’elle «ne reconnaît pas le cadre constitutionnel et juridique dans lequel elles se déroulent». « Cet événement ne peut pas préjuger de la détermination du statut futur du Haut-Karabagh ou des résultats du processus de négociation en cours », a commenté un porte-parole du chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell.
Des diplomates américains, russes et français tentant conjointement de trouver une solution au conflit du Karabagh avaient publié des déclarations similaires sur les dernières élections au Karabagh. Les trois coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE n’ont pas réagi au dernier vote.
Comme on pouvait s’y attendre, l’Arménie a défendu la tenue des élections. Le pays a fait valoir que les États membres de l’OSCE avaient adopté en 1992 un document disant que «les représentants élus du Haut-Karabagh» devraient également participer aux pourparlers de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. « Des élections doivent avoir lieu pour avoir des représentants élus », lit-on dans une déclaration du ministère arménien des Affaires étrangères.