L’ancien président Serge Sarkissian sera également interrogé dans le cadre des violences postélectorales de 2008 à Erevan, a déclaré jeudi le chef du Service spécial d’enquête arménien (SIS). « J’ai dit à plusieurs reprises que toutes les personnes concernées par cette affaire seront interrogées sans aucune exception », a déclaré Sasun Khachatrian à la presse. « Serge Sarkissian sera également interrogé. » Khachatrian n’a pas précisé quand l’ancien président, qui gouvernait l’Arménie de 2008 à 2018, sera convoqué pour un interrogatoire.
Serge Sarkissian a été le gagnant officiel de l’élection présidentielle de février 2008 qui a déclenché des manifestations incessantes à Erevan, dirigés par Levon Ter-Petrosian, le principal candidat de l’opposition. La sécurité a rompu ces manifestations les 1er et 2 mars 2008. Huit manifestants et deux policiers ont été tués en conséquence. La répression a été ordonnée par le président sortant Robert Kocharian. Ce dernier a remis le pouvoir à Serge Sarkissian, son allié politique de longue date, en avril 2008. Le mois dernier, le SIS a accusé Kocharian, l’ancien ministre de la Défense Mikael Harutiunian et l’ancien vice-ministre de la Défense Yuri Khachaturov d’avoir « renverser l’ordre constitutionnel » à la suite du scrutin contesté. L’organisme chargé de l’application de la loi a déclaré avoir utilisé illégalement les forces armées contre des manifestants.
Kocharian a nié les accusations avant d’être arrêté le 27 juillet. La cour d’appel d’Arménie l’a libéré lundi, affirmant que la constitution lui accordait une immunité. Khachaturian a de nouveau condamné le jugement comme étant « illégal » et a exprimé l’espoir que les procureurs de l’Etat demanderont à la Cour supérieure de cassation de la renverser. Il a accusé Aleksandr Azarian, un juge de la Cour d’appel qui a ordonné la libération de Kotcharian, de partialité. Khachatrian a notamment fait valoir qu’Azarian avait condamné neuf membres et partisans de l’opposition dirigée par Ter-Petrossian pour avoir participer à des « troubles de masse ». « Il y a dix ans, M. Azarian a rendu une dizaine de verdicts de culpabilité dans lesquels il a décrit des manifestants pacifiques comme des participants à des troubles de masse qui ont brûlé et brisé des objets », a déclaré le chef du SIS.
Ces jugements étaient fondés sur des affaires pénales ouvertes par les forces de l’ordre arméniennes. Le Premier ministre Nikol Pashinian, qui a joué un rôle clé dans les manifestations de 2008, a passé près de deux ans en prison pour des accusations similaires. Nikol Pashinian a nommé Khachatrian à la tête du SIS et a ordonné une nouvelle enquête sur les troubles peu après son arrivée au pouvoir en mai, lors d’une vague de manifestations de masse qui a fait tomber le gouvernement de Sarkissian.