Les États-Unis ont exprimé leur désapprobation à l’égard de la décision de l’Arménie de déployer du personnel militaire en Syrie avec le soutien de la Russie.
« Nous reconnaissons le désir d’autres nations de réagir à la situation humanitaire en Syrie et nous partageons les préoccupations concernant la protection des minorités religieuses au Moyen-Orient, a déclaré hier le Département d’Etat américain. Cependant, nous ne soutenons aucun engagement avec les forces militaires syriennes, qu’il s’agisse de fournir une assistance aux civils ou qu’il soit de nature militaire.»
«Nous ne soutenons pas non plus la coopération entre l’Arménie et la Russie pour cette mission. La Russie s’est associée au régime d’Assad pour massacrer des civils et déclencher une catastrophe humanitaire. La Russie continue de protéger le régime d’Assad et ses atrocités sur la scène mondiale », a-t-il ajouté dans une déclaration aux médias arméniens diffusés par l’ambassade américaine à Erevan.
Le ministère arménien de la Défense a envoyé 83 médecins, experts en déminage et autres militaires en Syrie vendredi dernier. Il a confié qu’ils auront pour mission de traiter les civils et d’éliminer les mines antipersonnel autour de la ville d’Alep, ravagée par la guerre.
Le ministère a souligné le caractère « humanitaire » de la mission qui, selon lui, avait été demandée par le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad.
Ce déploiement a coïncidé avec des discussions entre le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoygu, et son homologue arménien, Davit Tonoyan, à Moscou. Shoygu a remercié Erevan pour son « aide humanitaire » en Syrie.
Les plans de l’Arménie concernant une telle mission ont été annoncés pour la première fois par le Premier ministre Nikol Pachinian en septembre à Moscou à l’issue d’une rencontre avec le président Vladimir Poutine.
John Bolton, conseiller américain pour la sécurité nationale, a discuté de la question avec Pachinian et Tonoyan lors de sa visite à Erevan en octobre.
« Le Premier ministre a expliqué que cela n’allait pas être une assistance militaire, ce serait purement humanitaire », a déclaré Bolton à l’issue des négociations. « Je pense que c’est important. Ce serait une erreur pour quiconque d’être impliqué militairement dans le conflit syrien pour le moment. »
Tonoyan a défendu mardi le déploiement arménien en Syrie. Qui plus est, il a ajouté qu’Erevan pourrait également envisager d’envoyer des troupes de combat là-bas.
Cependant, Pachinian semblait exclure une telle possibilité mercredi. « Nous n’avons pas de tels projets », a-t-il lâché devant le Parlement arménien, commentant la déclaration du ministre de la Défense.
Dans le même temps, un haut député de l’alliance My Step de Pachinian minimisait la réaction des États-Unis à l’envoi de soldats arméniens en Syrie.
« Je pense que ce message a été adressé à la Russie, en particulier dans le contexte où les Etats-Unis promettent ou prévoient de retirer ses troupes de la Syrie », a réagit Hovannes Igitian. Ce dernier a exprimé sa confiance sur le fait que le problème ne nuira pas aux relations américano-arméniennes.
Un haut responsable du Pentagone a affirmé à la fin du mois dernier qu’elle se rendrait prochainement à Erevan pour explorer la possibilité de renforcer la coopération militaire américano-arménienne. Laura Cooper, sous-secrétaire américaine adjointe à la Défense, a félicité l’État du Caucase du Sud allié à la Russie pour avoir fourni des contingents aux missions dirigées par l’OTAN au Kosovo et en Afghanistan.
