Les femmes peinent à trouver une place dans un Parlement « moustachu »

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Les électeurs turcs devraient envoyer un nombre record de femmes au Parlement lors du scrutin législatif de dimanche mais celles-ci demeureront largement sous-représentées par rapport à leurs collègues masculins.

De 30 à 55 femmes pourraient accéder à l’un des 550 sièges du Parlement, contre 24 dans l’assemblée précédente élue en 2002, selon l’association KA-DER, qui soutient les femmes candidates quel que soit leur parti.

Le pourcentage des femmes parmi les députés passerait ainsi de 4,4 % à 6 %, voire 10 %.

Cette augmentation ne devrait cependant pas fondamentalement changer le classement d’Ankara qui occupe le 123e rang pour la représentation des femmes au sein de l’Union interparlementaire, une organisation qui regroupe plus de 140 parlements nationaux.

Pour sa pré-campagne électorale, KA-DER a collé de fausses moustaches sur des actrices ou des femmes d’affaires célèbres avec la question: « Devons-nous avoir une moustache pour entrer au Parlement ? ».

« Nous avons eu la réponse à notre question et c’est oui », raconte la présidente de l’Association Hülya Gülbahar. « Nous sommes une nouvelle fois face à un scrutin dans lequel les partis n’ont pas changé leur politique, qui consiste à inscrire quelques femmes alibis sur leur liste », explique-t-elle.

La Turquie est pourtant fière que son père fondateur Mustafa Kemal Atatürk ait donné dès 1934 le droit de vote aux femmes, avant des pays européens comme la France, l’Italie, la Belgique ou la Suisse. Mais les progrès ont été très limités depuis.

Canan Aritman, qui espère être réélue pour un deuxième mandat sous l’étiquette du Parti républicain du peuple (CHP, opposition social-démocrate), estime qu’une telle discrimination entache la démocratie turque.

« Les hommes ne veulent pas partager la politique avec les femmes mais une démocratie sans femmes est une démocratie défectueuse », estime-t-elle.

L’un des principaux problèmes pour les femmes qui aspirent à devenir candidates est qu’il n’existe pas de primaires: ce sont les chefs des partis qui décident qui va se présenter et dans quelle position sur leur liste.

Or, la plupart des candidates occupent les derniers rangs des listes des partis, les privant pratiquement de toute chance d’être élue dans ce système à la proportionnelle.

Un autre obstacle pour les femmes est le coût élevé des campagnes électorales dans un pays où ce sont les hommes qui contrôlent le plus souvent les cordons de la bourse.

Si un mouvement d’émancipation des femmes a marqué l’ouest du pays plus urbanisé, d’importantes régions rurales sont encore dominées par les hommes et les filles sont retirées très jeunes de l’école puis confinées à la maison.

En outre, de nombreuses femmes ne peuvent pas voter pour le parti de leur choix à moins qu’il ne corresponde à celui des hommes de la famille.

Cette sous-représentation des femmes en politique n’est d’ailleurs que l’un des aspects de l’inégalité des sexes en Turquie, pays officiellement à 99 % musulman.

Selon un sondage du Forum économique mondial en 2006 sur les différences d’opportunités entre hommes et femmes, la Turquie arrive péniblement au 105e rang sur un total de 115 pays, 20 places derrière le pays de l’Union européenne le moins bien classé, Chypre.

Alors que les femmes représentent 28 % de la population active, elles ne sont que 24 % dans les universités.

Plus grave, la violence contre les femmes a augmenté de 76 % sur les deux années 2005-2006, selon les statistiques de la police.

Les organisations féministes souhaitent que la Turquie réforme sa Constitution et sa loi électorale pour instituer un quota de 30 % en faveur des femmes, mais cette revendication est restée jusqu’à présent largement ignorée.

raffi
Author: raffi

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