Erevan, 29 oct 2020 avec’AFP – Les forces azerbaïdjanaises se trouvent à
quelques kilomètres de la ville stratégique de Chouchi, au Nagorny Karabakh, a
annoncé jeudi le président de cette région sécessionniste où les combats
opposent depuis fin septembre l’Azerbaïdjan à des arméniens.
« L’ennemi est à quelques kilomètres de Chouchi, à cinq kilomètres au
maximum », a déclaré Araïk Haroutiounian dans une vidéo diffusée sur Facebook.
« L’objectif principal de l’ennemi est d’envahir Chouchi (…), et qui a le
contrôle de Chouchi, a le contrôle d’Artsakh », a-t-il assuré, utilisant le nom
arménien pour le Nagorny Karabakh.
Chouchi est située à une quinzaine de kilomètres de Stepanakert, la
capitale de cette région montagneuse, et sur la route reliant le Nagorny
Karabakh à l’Arménie.
Le contrôle de Chouchi, construite sur les hauteurs, permet de mettre droit
dans le viseur la capitale de l’Arstakh.
« Dans les jours qui viennent, il faut inverser la situation sur le front et
punir l’ennemi directement aux portes de Chouchi », a déclaré M. Haroutionian,
dans la vidéo enregistrée près d’une cathédrale historique arménienne située
dans cette ville.
« Allons nous unir et nous battre ensemble ! », a-t-il lancé.
Depuis la reprise des combats le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises
ont reconquis des territoires qui échappaient à leur contrôle depuis les
années 1990 et une guerre ayant fait 30.000 morts, aboutissant alors à la
sécession du Nagorny Karabakh, aujourd’hui peuplée quasi-exclusivement
d’Arméniens.
Cette région, soutenue par Erevan, a proclamé son indépendance à l’issue de
la guerre en 1994 mais celle-ci n’a pas été reconnue par la communauté
internationale, ni même par l’Arménie.
– ‘Cruel et absurde’ –
Jeudi, les autorités du Nagorny Karabakh ont accusé les forces
azerbaïdjanaises d’avoir massivement bombardé Stepanakert, qui a déjà été
touché par des tirs à plusieurs reprises depuis fin septembre.
« L’Azerbaïdjan a frappé Stepanakert pendant plusieurs heures, des dizaines
de missiles ont touché la ville », a dit à l’AFP un haut responsable local,
Artak Beglarian, ajoutant que des « civils ont été blessés » dans cette attaque.
Cette annonce est intervenue au lendemain d’une pseudo attaque ayant visé la ville
azerbaïdjanaise de Barda, proche du Nagorny Karabakh, Bakou accusant l’armée
arménienne d’avoir tué 21 personnes et blessé des dizaines d’autres. Cinq
autres civils avaient été tués la veille.
L’Arménie a de son côté démenti avoir mené les attaques sur Barda.
L’ONG Amnesty International a accusé jeudi tous les participants au conflit
– « les forces arméniennes, celles soutenues par l’Arménie et les forces
azerbaïdjanaises » – de recourir à des bombes à sous-munitions, pourtant
interdites.
« Bombarder des zones civiles avec des bombes à sous-munitions est cruel et
absurde », a dénoncé Marie Struthers, la directrice d’Amnesty International
pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, dans un communiqué.
Selon des bilans partiels, plus de 1.250 personnes dont plus de 130 civils
dans les deux camps ont été tuées au cours des affrontements, les pires depuis
la guerre des années.
Les chefs des diplomaties azerbaïdjanaise et arménienne devaient se
rencontrer jeudi à Genève, mais la réunion a été reportée à vendredi et ne
sera pas en tête-à-tête, selon le ministère azerbaïdjanais des Affaires
étrangères.
Par Mariam HARUTYUNYAN