Les jeunes Kurdes veulent travailler plutôt que se révolter

Se Propager

Appelés à la révolte civile par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en représailles à une offensive terrestre de l’armée turque dans le nord de l’Irak, les jeunes Kurdes de Turquie pensent plutôt à trouver du travail pour échapper à la misère.

« De quelle insurrection parlez-vous, nous n’en avons pas entendu parler », répond Ferhat Paksoy, l’un des nombreux jeunes chômeurs de la petite ville d’Uludere, dans la province de Sirnak, à passer le temps dans un café enfumé où les clients, tous des hommes, jouent bruyamment aux cartes.

Située à une dizaine de kilomètres de la frontière irakienne aux confins du sud-est turc, peuplé majoritairement de Kurdes, Uludere et ses 4.000 habitants sont comme isolés du monde par les majestueuses montagnes qui l’entourent, si ce n’est une route en mauvais état flanquée de plusieurs postes de gendarmerie qui les rattache au reste de la Turquie.

Les journaux n’arrivent que vers le soir et les médias turcs n’ont pas rapporté l’appel aux violences urbaines lancé la veille par le chef de l’aile militaire du PKK Bahoz Erdal via une agence proche des rebelles.

Celui-ci a exhorté les jeunes Kurdes à mener des actions violentes dans les villes turques en réaction à l’opération turque contre les bases de l’organisation séparatiste dans le nord de l’Irak.

« Nous avons vu assez de violences ici depuis des années. Ce que nous voulons en premier, c’est du travail. Nous en avons assez de poireauter dans ce café », souligne Ferhat, âgé de 23 ans et boulanger de profession.

Selon ses habitants, 75% au moins de la population active d’Uludere est au chômage.

Les hameaux entourant la ville ont été desertés pour la plupart par leurs habitants fuyant les combats entre les forces de sécurité et le PKK au début des années 1990, au plus fort de la rébellion sécessioniste.

Übeyid Yaman, qui a la chance de travailler comme garde de sécurité pour une société privée, un travail cependant saisonnier, s’en prend au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

« Au lieu de consacrer son temps à autoriser le voile (islamique) dans les universités et de provoquer un gros débat pour faire oublier les véritables problèmes (du pays), il aurait mieux fait de nous créér des boulots », martèle le jeune homme de 22 ans.

Le moral en berne, un autre jeune lance du fond du café qu' »on en aura jamais fini avec le PKK tant que le chômage existera ici ».

Refusant de décliner son nom, le Kurde trentenaire accuse l’Etat turc d’avoir « oublié » Uludere et indique que les jeunes du pays ont été dans le passé « poussés par les conditions de vie » à rejoindre le PKK, considéré comme terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’union européenne.

Le propriétaire du café reconnaît que depuis la capture en 1999 du chef du PKK, Abdullah Öcalan, les violences sont devenus très sporadiques dans la zone et que les jeunes se ralliant à la cause des séparatistes sont de plus en plus rares.

« Vous comprenez, notre grand problème ici c’est la pauvreté et le chômage. Ces deux questions sont en fait la raison d’être du PKK », philosophe Kasim Yaman qui appelle les autorités d’Ankara à en faire pour Uludere autant que pour Istanbul, la première métropole de Turquie.

raffi
Author: raffi

La rédaction vous conseille

A lire aussi

Sous la Présidence d’Honneur de M. Nicolas DARAGON, Maire de Valence, Président de l’Agglomération, Vice-Président de La Région, L’UGAB Valence-Agglomération

Le ministère des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a de nouveau accusé l’Arménie de ne pas avoir fourni de cartes des

Lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale de la semaine prochaine, l’opposition parlementaire, les factions « Hayastan » (Arménie)»

a découvrir

Se connecter

S’inscrire

Réinitialiser le mot de passe

Veuillez saisir votre identifiant ou votre adresse e-mail. Un lien permettant de créer un nouveau mot de passe vous sera envoyé par e-mail.

Retour en haut