Quatre vingt quatre ans après la publication du fameux « livre bleu » par la Chambre des lords révélant au monde les preuves sur le génocide qui avait lieu en Anatolie, la Chambre haute du parlement anglais a décidé de dénoncer la décision du gouvernement anglais d’exclure les Arméniens des commémorations de l’Holocauste, prévues le 27 janvier, en publiant une nouvelle édition du « Livre Bleu ». Selon Lord Avenbury, vice-président de la commission des droits de l’homme, « c’est un travail d’une grande importance ». De son côté, Ben Whiteker, bien connu des Arméniens et rapporteur sur le génocide à la Commission des droits de l’homme des Nations-Unis, a proposé aux parlementaires d’envoyer une délégation au Foreign Office pour lui demander de reconsidérer sa position, en dépit des « craintes des menaces commerciales turques ». Une chose est sûre, la publication d’une seconde édition de ce recueil capital témoignant de la tragédie arménienne, a provoqué une couverture médiatique sans précédent outre-manche sur la question arménienne. Dans un récent article paru dans l’Indépendant, quotidien largement acquis à la cause arménienne, Robert Fisk n’a pas hésité à accuser l’exécutif britannique d’avoir oublié « que le gouvernement de l’époque avait produit un livre de 677 pages dont les témoignages méticuleux et visuels sur l’étendue des tueries de masse perpétrées par les Turcs ». Officiellement connu et titré comme étant « le Traitement des Arméniens de l’Empire Ottoman en 1915-1916 », l’ouvrage avait été préparé pour le gouvernement de sa gracieuse majesté par Arnold Toynbee et James Bryce et expliquait clairement que la destruction des Arméniens vivant dans l’Empire avait été méticuleusement organisée au plus haut niveau de l’Etat turc. Grande nouveauté par rapport à l’édition initiale. Nous connaissons enfin les identités des témoins de l’époque qui, par crainte de représailles de nationalistes turcs, n’avaient pas souhaité voir leurs noms publiés.
