Les mosquées sont sommées de se taire en Azerbaïdjan

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Après avoir pendant des années appelé cinq fois par jours les musulmans à la prière, les petits haut-parleurs accrochés au minaret de la mosquée Gadji Sultanali, dans le centre de Bakou, sont désormais silencieux.

Comme toutes les mosquées à travers l’Azebaïdjan, Gadji Sultanali s’est vu récemment interdire d’utiliser des haut-parleurs pour diffuser l’appel à la prière, une pratique largement répandue dans l’ensemble du monde musulman.

Officiellement, les autorités estiment que les appels lancés par les haut-parleurs sont trop bruyants et dérangent les habitants vivant à proximité des mosquée.

Mais déjà, plusieurs voix dénoncent une atteinte à la liberté de religion.

Rassemblés devant la mosquée Gadji Sultanali après la prière de midi, une poignée de fidèles critiquent la décision des autorités.

« Il est important d’entendre l’appel à la prière pour se rappeler notre devoir spirituel. Il y a tant de bruit dans la ville que nous ne serons pas en mesure d’entendre s’ils enlèvent les haut-parleurs », affirme Azie, 50 ans.

L’admnistration musulmane du Caucase, qui gère les affaires musulmanes en Azerbaïdjan au nom du gouvernement, a imposé l’interdiction la semaine dernière.

« Nous avons reçu de nombreuses plaintes du public concernant des appels trop bruyants, de personnes malades, âgées, d’enfants incapables de dormir », soutient Akif Agaïev, un porte-parole de l’administration.

« Ce n’est d’aucune façon une interdiction d’appeler à la prière », explique-t-il, rappelant que « seuls les haut-parleurs sont prohibés ».

L’Islam connaît un renouveau en Azerbaïdjan depuis l’indépendance en 1991 suite à l’effondrement de l’URSS. Et l’Azerbaïdjan, un pays de 8,1 millions d’habitants regorgeant de pétrole, est, à l’instar de son voisin iranien, majoritairement chiite.

Paradoxalement, c’est ce regain d’intérêt pour la foi musulmane qui a conduit les autorités à interdire les hauts-parleurs, selon M. Agaïev qui explique que les diffusions concurrentes appelants les fidèles à la prière sont devenues une nuisance.

« Avant il y avait peu de mosquées à Bakou, mais maintenant leur nombre a tellement augmenté qu’il n’est plus nécessaire d’avoir de haut-parleurs », dit-il.

Pour Ilar Ibrahimoglu, directeur du Centre pour la protection des libertés religieuses, l’interdiction ne respecte pas les droits des fidèles.

« C’est absurde », s’exclame M. Ibrahimoglu, un imam qui s’est vu interdire de pratiquer par les autorités et qui dénonce un retour à la doctrine athée de l’époque soviétique.

« Je ne connais aucun autre endroit dans le monde où il existe une telle interdiction, ni en Europe ni aux Etats-Unis, sans parler des pays musulmans », soutient-il.

De fait, Le gouvernement laïc azerbaïdjanais peine à s’adapter à la renaissance de l’islam.

Le nombre de religieux fervents est en hausse, à cause de l’Iran notamment qui a financé la construction de mosquée et d’écoles coraniques à travers le pays.

Les autorités soupçonnent Téhéran de chercher à exporter une version radicale de l’Islam en Azerbaïdjan et ont sévi contre des groupes religieux accusés d’extrémisme.

Parallèlement, certains accusent le gouvernement d’utiliser la supposée menace islamiste comme prétexte pour faire taire l’opposition.

Mais dans la mosquée Gadji Sultanali, l’imam Ibrahim Iariev ne voit rien d’anti-démocratique dans la décision des autorités d’interdire les haut-parleurs.

« Nous ne sommes pas un pays religieux comme l’Arabie saoudite, le Pakistan ou l’Iran. Nous sommes un pays démocratique où l’Eglise et l’Etat sont séparés », explique l’imam.

« Nous devons respecter les droits de ceux qui ne veulent pas être dérangés. Il y a jusqu’à huit mosquées dans ce quartier seulement, les gens vont continuer d’entendre l’appel à la prière ».

raffi
Author: raffi

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