Les partisans de l’amitié gréco-turque misent sur les nouvelles générations

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Loin des projecteurs accompagnant la visite historique en Turquie entamée mercredi par le Premier ministre grec Costas Caramanlis, des enseignants hellènes mènent dans l’ombre un combat de longue haleine contre les préjugés séparant Grecs et Turcs.

Des violences de la guerre d’indépendance grecque (1821-1830) à celles du conflit chypriote (1974), de l’occupation grecque de l’ouest de l’Anatolie (1919-1922) aux échanges de population qui ont suivi, l’histoire commune des deux pays ne manque pas de sources de rancœurs.
Une amertume perpétuée aujourd’hui encore par plusieurs différends, sur la délimitation des eaux territoriales et de l’espace aérien en mer Égée notamment, qui ont conduit à la mort en 2006 d’un pilote grec lors de manœuvres d’intimidation entre les chasses grecque et turque.

C’est contre cette hostilité séculaire, contre « cet immense réservoir d’images négatives qui existe des deux côtés de l’Égée » que le professeur Harry Tzimitras affirme lutter au sein du Centre d’études turco-grecques, fondé en 2002 par l’université stambouliote de Bilgi. « La technique que nous employons, au début du moins, c’est de laisser faire les étudiants, les laisser se parler les uns aux autres, et ils se rendent compte qu’ils connaissent les mêmes faits historiques, mais d’un point de vue différent », explique le spécialiste grec des relations internationales.

« De cette façon, ils réalisent par eux-mêmes en deux semaines que la réalité doit être quelque part au milieu (…). C’est comme ça que commence le voyage », poursuit l’universitaire, se félicitant d’avoir vu quadrupler en trois ans les effectifs du centre, avec 12 étudiants grecs et six turcs.

Un travail de sape des préjugés qui pourrait avoir davantage de répercussions que l’agitation des visites diplomatiques, estime l’historien Vangelis Kechriotis, travaillant depuis 2000 à l’université stambouliote de Bogaziçi. « C’est bien d’effectuer des visites (…), ça vous rapproche de celui que vous considérez comme l’autre, mais ce n’est pas suffisant, car il s’agit de haute politique et la haute politique peut changer en une nuit », commente l’intellectuel, rappelant qu’à de nombreux voyages diplomatiques entre la Turquie et la Grèce ont succédé de nouvelles crises. L’historien, qui fait figure de doyen au sein de la minuscule communauté de scientifiques grecs implantés en Turquie – une petite dizaine d’enseignants, une cinquantaine d’étudiants – rêve en revanche de l’influence que pourraient avoir un jour ses disciples sur la scène politique.

« Le fait que certains d’entre eux pourraient avoir une carrière en Grèce, à l’étranger ou ici en Turquie, et la façon dont nous communiquons (…) et partageons les mêmes inquiétudes politiques me rendent plutôt optimiste », déclare-t-il.

Doctorant en sciences politiques, Haris Theodorelis se reconnaît dans cette nouvelle génération de Grecs sans complexes à l’égard de la Turquie, appelée de ses vœux par son professeur. « Les a priori véhiculés par la presse et le système éducatif grecs sont tellement stupides, tellement monolithiques et évidemment faux que cela ne prend que quelques minutes, en marchant et en parlant avec les gens (en Turquie), pour réaliser leur stupidité », affirme le jeune homme, guère plus complaisant à l’égard des préjugés turcs. Un sondage récemment réalisé dans les deux pays montre que 73 % des Grecs s’inquiètent de supposées visées expansionnistes turques, alors que la proportion de Turcs exprimant de tels soupçons à l’égard des Grecs atteint 31 %. L’enquête indique que 52,4 % des Turcs ont des « opinions positives » concernant la Grèce, alors que seulement 8,5 % des Grecs expriment de tels sentiments pour la Turquie.

LOrient-Le Jour

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Author: raffi

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