Les pays de l’Otan ont commencé lundi 11 septembre 2006 à discuter de la délicate question des renforts que la plupart d’entre eux semblent réticents à fournir pour le sud de l’Afghanistan, où les combats font rage entre l’Alliance et les talibans.
Le secrétaire général de l’Otan Jaap de Hoop Scheffer a abordé le renforcement des troupes en Afghanistan, en présentant aux ambassadeurs des 26 pays membres « les résultats du comité militaire de l’Otan qui s’est tenu la semaine dernière à Varsovie », a indiqué à l’AFP son porte-parole James Appathurai.
Le comité militaire, qui rassemble les chefs d’état-major de l’Otan, a demandé samedi aux membres de l’Alliance de tenir leurs engagements en matière de troupes et d’équipements, afin de faire face à la résistance plus vive que prévu des talibans (milices islamistes) dans le Sud.
« Nous avons maintenant 85% des forces indispensables et nous voulons le reste », a déclaré après la réunion de Varsovie le président du Comité, le général canadien Ray Hénault, qui s’est rendu la semaine dernière en Afghanistan.
M. Appathurai a cependant précisé qu’il n’était pas question à ce stade de désigner les pays susceptibles de fournir effectifs et matériels supplémentaires requis, mais plutôt d’informer les Etats membres au niveau politique de la situation en Afghanistan et de les sonder sur les moyens d’y faire face.
Le Canada, les Pays-Bas et le Royaume-Uni fournissent le gros des quelque 8.000 soldats de l’Otan engagés depuis début septembre dans l’offensive Medusa visant les talibans dans la région de Kandahar (sud). Ce sont aussi les pays qui ont essuyé le plus de pertes.
Selon une source diplomatique ayant requis l’anonymat, « la pression pourrait s’exercer notamment sur des pays comme l’Allemagne et la Roumanie », dont les contingents de respectivement 2.600 et 560 militaires sont stationnées dans d’autres régions du pays, moins troublés.
Avant même cette réunion, le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, ou le Danemark, qui participe aussi à Medusa, ont fait savoir publiquement qu’ils n’étaient pas en mesure de contribuer davantage à l’offensive en cours, faute de réserves ou de soutien de leur opinion publique.
D’autres pays présents en Afghanistan, comme la Turquie ou l’Espagne, engagés ou en passe de l’être dans d’autres régions de conflits (Kosovo, Liban), ont également signifié leur incapacité à renforcer l’Isaf.
La France, comme l’Italie, toutes les deux très engagées désormais au Liban, notamment, sont dans les mêmes dispositions.
« Redoutant d’être pris dans un engrenage en Afghanistan, certains pays attendent d’avoir plus de précisions sur la durée de mise à disposition des renforts demandés », a indiqué une autre source à l’Otan, sous réserve de l’anonymat.
Le chef des forces alliées en Europe, le général James Jones, avait évoqué jeudi dernier des renforts de 2.000 à 2.500 soldats, après avoir dans un premier temps parlé de quelques centaines seulement.
Le quartier général de l’Otan à Mons (Belgique) doit réexaminer la question mercredi.
Plus de 40.000 militaires étrangers sont déjà stationnés en Afghanistan, dont environ la moitié sous commandement de l’Otan, l’autre moitié étant sous commandement direct américain, pour soutenir le gouvernement afghan.
L’Otan dirige depuis l’été 2003 la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf), composée de près de 21.000 soldats de 37 pays.
