L’école Spandarian N°24 a accueilli successivement certaines des princpales figures du pays venus accomplir ce matin leur devoir électoral comme les quelques autres 2,3 millions d’électeurs arméniens. Robert Kotcharian, le président sortant, Vartan Oskanian, ministre des affaires étrangères, le candidat et Premier ministre Serge Sarksian, donné favori, se sont ainsi succédés. Vartan Oskanian a dit avoir voté pour « la continuité, la stabilité et la paix », Serge Sarksian a affirmé qu’en un ou deux tours, ce qui restait important, c’était le déroulement correct du scrutin. On attendait pour un plus tard dans ce meme bureau de vote du centre-ville le principal candiat de l’opposition, Levon ter Petrossian. Le scrutin est de fait un enjeu majeur : pas d’observateurs internationaux ce matin dans cette école – mais plus de 250 d’entre eux sont déployés sur l’ensemble du territoire, sans compter ceux arrivés précédemment pour une mission d’observation de plus long terme. La transparence de ces élections présidentielles après une campagne acerbe de l’ancien premier président arménien Lévon Ter Pétrossian est un enjeu pour la jeune démocratie arménienne. On a senti tout au long de cette campagne une montée en puissance d’une certaine agrresivité de la part de l’opposition, laquelle n’a cependant pas réussi à faire alliance autour de Levon Ter Pétrossian. Lors d’une ultime conférence de presse donnée dimanche soir, celui-ci a affirmé que ni lui ni ses partisans ne donneraient aucune occasion au pouvoir d’user de la force – mais le meme Lévon Ter Pétrossian a aussi appelé lors de son dernier meeting de samedi à un rassemblement pour mercredi 20 février dans le centre-ville.
Bien que les premières heures de cette matinée soient calmes, ce que redoute tout le monde est en fait un affrontement direct prenant la forme d’émeutes de rue entre le clan de l’opposition emmené par Lévon Ter Pétrossian et le pouvoir. Quelle que soit l’issue du scrutin, que celui-ci s’arrete ce soir à un premier tour donnant Serge Sarksian vainqueur ou amenant Lévon Ter Petrossian et le premier ministre à un deuxième tour, le fait meme d’appeler à un meeting pour le lendemain du scrutin montre que l’opposition semble bel et bien décidée.
En 2004, un an après les dernières présidentielles qui avaient reconduit au pouvoir Robert Kotcharian pour un deuxième mandat, l’opposition emmenée à l’époque par Stepan Demirdjian et Aram Sarksian, aujourd’hui regroupés autour de Lévon Ter Pétrossian, avait pendant près de deux mois tenu des meetings incessants à Erévan. Une nuit d’émeute et de répression avait étouffé dans l’oeuf le 12 avril tout autre débordement. Forces spéciales et forces anti émeutes, usant de gaz lacrymogènes et de canons à eau avaient alors chassé les manifestants de l’avenue Bagramian, une artère centrale de Erévan, face au parlement. En 2004 comme aujourd’hui, le pouvoir ne veut pas de révolution, inspirée par les exemples de Géorgie ou d’Ukraine, et l’a fait savoir de nouveau lors d’une interview de Robert Kotcharian il y a quelques jors. La tactique du pouvoir en place et de son candidat favori Serge Sarksian est de se présenter comme garantissant la stabilité et la sécurité – face à une opposition qui ne pourrait emmener que le désordre.
Dans Erévan sous la pluie, ce jour d’élections est un jour férié. Les bureaux de vote, généralement installés dans les écoles, semblent faire peu à peu le plein. Les électeurs se prononcent en marquant d’une croix la case en face du nom de leur candidat – au lieu de prendre différents bulletins et d’en glisser un dans une enveloppe. Les urnes sont transparentes et le vote doit se terminer à vingt heures ce soir. La CEC (Commission Electorale Centrale), accessible sur le site HYPERLINK « http://www.elections.am » www.elections.am en arménien et en anglais, devraient faire connaitre les premières tendances à partir de 21 heures.
Laurence Ritter
Depuis Erevan pour NAM
