Le gouvernement arménien a bloqué la diffusion en Arménie d’émissions politiques diffusées par l’une des deux principales chaînes de télévision publiques russes, à la suite des critiques répétées de l’animateur pro-Kremlin Vladimir Solovyov à l’encontre de la politique du Premier ministre Nikol Pashinian.
Une agence gouvernementale, le Television and Radio Broadcasting Network, a déclaré que les programmes quotidiens ont systématiquement violé un accord russo-arménien de 2020 qui permettait à la chaîne Russia-1 de conserver sa place dans le bouquet numérique national arménien accessible aux téléspectateurs de tout le pays. Il a cité des dispositions de l’accord interdisant les « contenus offensants pour les peuples et les valeurs nationales » et « l’ingérence dans la vie politique intérieure ».
Le gouvernement avait auparavant envoyé une note de protestation à Moscou à la suite de commentaires faits par M. Solovyov et une autre figure médiatique russe, Margarita Simonyan, lors d’un talk-show le 25 février. Ils ont déclaré que les dirigeants arméniens devraient garder à l’esprit les conséquences désastreuses, selon eux, de l’intervention occidentale dans d’autres États ex-soviétiques.
Solovyov a continué à attaquer la politique étrangère de plus en plus pro-occidentale d’Erevan après cette plainte. Il a averti que les Arméniens risquaient de perdre leur statut d’État à cause de cette politique.
Le ministre de l’Industrie de haute technologie, Mkhitar Hayrapetian, a annoncé le 18 mars que des fonctionnaires arméniens et russes se rencontreraient bientôt à Moscou pour discuter des propositions arméniennes concernant le contenu des programmes russes retransmis. Le service de presse de Mkhitar Hayrapetian n’a pas voulu préciser vendredi si les discussions avaient eu lieu et, le cas échéant, si elles avaient débouché sur un accord.
M. Solovyov, connu pour ses positions pro-arméniennes sur le conflit du Haut-Karabakh, n’a pas immédiatement commenté l’interdiction. Mais M. Simonyan n’a pas tardé à la condamner et à accuser M. Pachinian d’étouffer la liberté d’expression.
Le ministère arménien des Affaires étrangères avait déjà convoqué l’ambassadeur russe à Erevan en octobre dernier pour condamner Channel One, l’autre chaîne de télévision russe accessible en Arménie, pour avoir dénigré M. Pachinian au cours d’une émission d’une heure.
Le jour suivant, le chargé d’affaires arménien à Moscou a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères. Les fonctionnaires du ministère ont protesté contre ce qu’ils ont appelé la propagande anti-russe diffusée par les médias arméniens contrôlés par le gouvernement.
Le gouvernement de M. Pachinian a bloqué les programmes de M. Solovyov dans le contexte d’un fossé de plus en plus profond avec Moscou et d’une coopération croissante avec l’Occident. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a mis en garde jeudi contre l’effondrement imminent des relations russo-arméniennes.
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