Les relations arméno-turque ne peuvent être qu’à couteaux tirés

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Suite à l’interview de Robert Aydabirian publié sur armenews, je reviens sur ma critique des idées exposées dans le Livre Blanc.

Je connais Robert Aydabirian depuis les années 70 lorsqu’il militait aux Etudiants Arméniens d’Europe qui se réunissaient dans une salle voisine de celle de la JAF et de la nôtre, celle du Centre d’Etudes Arméniennes.
La plupart des membres m’étaient connus et m’avaient d’ailleurs remis une étude des plus intéressante que j’ai conservé jusqu’à ce jour, «Pour une restructuration de l’Asie Mineure»

J’ai à nouveau croisé Robert Aydabirian en juillet 1983, lorsque la FRA l’avait missionné à Lausanne, où j’assistais au Congrès Mondial des Arméniens, une initiative du Pasteur Karnuzian, à l’hôtel Beau Rivage où fut signé le chiffon des larrons du traité de Lausanne, à l’occasion de la 60ème année.

Les participants se répartissaient en plusieurs commissions qui travaillaient parfois tard dans la nuit; j’ai participé à celle de Christian Ter Stepanian et Robert y participa aussi.
Dans le contexte de l’attentat d’Orly, il y avait un participant des RG, assis auprès de moi, et lorsque je m’étonnais de sa présence il m’annonça qu’il était originaire du village «Les Arméniens» près de Clermont Ferrand, ce qui bien sûr ne m’avait nullement convaincu.

J’ai eu plusieurs occasion de rappeler ces souvenirs à Robert Aydabirian, comme je lui ai marqué mon admiration pour l’efficacité de son engagement pour l’Arménie et l’Artsakh où le lycée qu’il a fondé est aujourd’hui entre les mains des occupants.
Et je me réjouis qu’il poursuive son combat, tel qu’il l’expose dans sa tribune du dernier Courrier du FAF.

Ce rappel pour dire quel ne fût pas mon étonnement à la lecture du Livre Blanc préconisant des relations avec nos ennemis turcs et azéris cosigné par Robert Aydabirian, participation qui ne correspond en rien à ses engagements passés.

Il donne l’exemple des relations France-Allemagne aujourd’hui apaisées.
Mais le contexte n’était pas comparable: l’Allemagne, était un pays dévasté et ruiné qui n’avait pas d’autre alternative que de subir l’occupation et les mesures des alliés pour éradiquer l’idéologie du pan-germanisme.

Tout le contraire d’une Turquie génocidaire triomphante, dont l’idéologie de la synthèse turco-islamiste (la supériorité de la race, et le djihad) a toujours été proclamé depuis le Génocide des Jeunes Turcs jusqu’à ce jour pour éradiquer tout ce qui fait obstacle au pan-touranisme.

Tout le contraire d’un Azerbaïdjan animé par la même idéologie, qui massacra 20.000 Arméniens à Chouchi et ses environs en mars 1920, qui après le rattachement du Nakhitchevan en 1921, éradiqua toute le population arménienne de cette province. Et après le prélude des pogroms anti-arméniens de Soumgait, de Bakou et de Gandja en 1990, après avoir recruté plus de 2.000 djihadistes d’Afganistan, du Pakistan et de Tchétchénie lors de la première guerre de l’Artsakh, procéda au nettoyage ethnique de la région de Chahoumian en juin 1992, provoquant la fuite de 30.000 Arméniens.

Et Aliyev d’ajouter «nous chasserons les arméniens comme des chiens», confirmé par son ex-vice-Premier ministre Hajibala Abutalybov lors d’une visite en Allemagne: «Notre objectif est l’élimination complète des Arméniens».

Lors de la parade militaire à Bakou le 10 décembre 2020, après avoir glorifié Enver Pacha, Erdogan compara la guerre de l’Artsakh au Génocide des Arméniens dans l’Empire ottoman et au massacre des Arméniens à Bakou en septembre 1918.
Le lendemain, il déclara devant l’Assemblée nationale azerbaïdjanaise : « la Turquie a soutenu de tout cœur l’Azerbaïdjan pendant cette «période bénie» de guerre nationale », et il ajouta « Nous allons créer un nouveau Karabakh avec le corridor du Zangezour; à Chouchi un consulat sera ouvert, et un drapeau turc équivalent à celui de l’Azerbaïdjan sera dressé»
A l’occasion de l’anniversaire du Congrès d’Erzeroum, Erdoğan n’a-t-il pas déclaré: «Le point zéro de notre histoire en Anatolie est défini par notre victoire de Manzikert en 1071, notre civilisation est une civilisation de conquête».

Comment peut-on concevoir des relations avec des barbares qui ne manquent pas une occasion d’afficher leur agenda génocidaire.
Les Tachnaks des Zhorab et Cie ont payé cher cette proximité avec les jeunes turcs sous leurs faux habits de la Taqîya, (la tromperie systémique musulmane au nom de la conquête islamique et du pan turquisme)

Cette idéologie sur fond d’anti-occidentalisme, et de conquête de l’Occident, par l’immigration, avec la recommandation aux émigrés turcs de ne pas être «infestés par l’exogamie des démocraties mécréantes» refusant tout métissage et toute mixité.
Ce qui n’a nullement alerté la Géorgie, l’Ukraine, la Hongrie, la Pologne, la Suède, la Finlande et les Pays Baltes, aveuglés qu’ils sont par leur russophobie.

Dans ce «Grand Jeu» où le rapport de forces prévaut partout, l’OTAN, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken et Matthew Bryza, l’ancien ambassadeur américain en Azerbaïdjan, se réjouissent du dialogue arméno-turco-azéri.
«Maintenant que la deuxième guerre du Karabakh est terminée, l’Azerbaïdjan ne s’oppose plus à la normalisation entre les deux pays, et Bakou est même favorable à l’établissement d’une paix durable susceptible de favoriser le statu quo» a déclaré Matthew Bryza à l’AFP.
Guidé par le Quai d’Orsay, Macron s’aligne sur les positions de l’OTAN malgré toutes ses déclarations de soutien aux arméniens.

Nikol Pashinyan, porté par la frange hédoniste de l’opinion, voyant en l’Artsakh un obstacle à son consumérisme effréné, déclare que «cet accord changera considérablement l’environnement économique et l’investissement»

Et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu de s’engouffrer dans la brèche pour coloniser le pays, comme en Géorgie, avec des vols charters et une mission à Serdar Kilic ancien ambassadeur à Washington, un islamiste pur et dur pour conduire l’opération.

Ainsi sera sacrifié le Hay Baykar qui s’inscrit depuis le 11ème siècle dans le Choc des Civilisations, que Zemmour et Pécresse viennent soutenir en Arménie.
Le Hay Baykar que pour notre part nous continuerons, persuadés que nous sommes que l’Histoire nous enseigne qu’aucun empire n’est éternel, que l’Arménie survivra à toutes les épreuves, et qu’elle fera valoir tous ses droits sur ses terres historiques.

Sam Tilbian

La rédaction
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