Les renoncements et les impasses des alliances

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Dans sa politique illusoire de «Carrefour de la Paix» en vue de promouvoir la paix dans la région, Pachinian se soumettant aux exigences du dictateur
de Bakou et de son allié turc, s’est empressé de critiquer la déclaration d’indépendance adoptée en 1990 mentionnant l’Oblast autonome du Haut-Karabakh et le Génocide des Arméniens.

Il affirme qu’il s’engage sur la voie d’une nouvelle Constitution de sa propre initiative et pour des motivations sans lien avec les critiques de Bakou, déclarant que la Constitution de 1990 avait attisé les conflits avec l’Azerbaïdjan et la Turquie et qu’elle était désormais en contradiction avec son «programme de paix».

Il entend ainsi retirer de la déclaration de 1990 les articles relatifs à l’Union de l’Artsakh et de l’Arménie et les articles relatifs à la reconnaissance du Génocide des Arméniens, renonçant ainsi au Hay Tad, le fondement de l’Identité des Rescapés du Génocide.

L’analyste politique géorgien Irakli Gogava, les historiens ukrainien Bondarenko et kirghize Dzhakishev abondent dans ce sens, et ce dernier plus clairvoyant, déclare «un pas dans la bonne direction, même si dans la conscience publique du peuple arménien, cela peut être perçu comme une politique de capitulation et même comme une trahison des intérêts de l’État».

Pachinian va encore plus loin en souhaitant modifier l’hymne national, en voulant supprimer l’aigle et le Mont Ararat dans les armoiries nationales et au-delà, effacer toute trace du Mont Ararat dans les représentations arméniennes.

Concrètement, la section sur l’Artsakh a déjà été retirée du site web du Ministère Arménien des Affaires Étrangères.

Tous ces renoncements, quel que soit l’agenda de paix de Pachinian face à nos ennemis, conduisent tout droit à une capitulation et à une servitude.
Avec la nouvelle Constitution de Pashinyan, nous aurons un État sans aucune identité ayant renoncé à tous les symboles qui constituent l’identité nationale, au risque de perdre tous liens avec les trois quarts de la nation arménienne constitués par les réfugiés de l’Artsakh et la diaspora.
Un État soumis aux nomades envahisseurs et massacreurs turco-azéris.

Ara Toranian dans l’un de ses éditos écrivait très justement: «Dans ce jeu, l’Arménie a perdu l’Artsakh. et elle peut perdre encore plus, jusqu’à son âme, sans même être sûre de gagner la paix»


Au final, l’Arménie aura répondu aux attentes des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne, ses «partenaires occidentaux», en reconnaissant le Haut-Karabakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, mais elle n’aura rien reçu en retour.
Ainsi Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, exprime sa grande satisfaction et déclare que « la paix est à portée de main » entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

S’obstinant dans le mirage des nouvelles alliances, sensible aux belles promesses, l’Arménie cherche toujours à nouer des liens plus étroits avec l’Occident en matière de sécurité; le mois dernier, un haut responsable de l’OTAN a même fait l’éloge de ce «changement» de politique étrangère.

Ainsi, Pashinian va jusqu’à rencontrer le chef des espions britanniques, Richard Moore, un authentique pro-azéri. Faut-il rappeler que la Grande Bretagne, comme l’Italie, ont été choisies par l’Azerbaïdjan pour reconstruire et investir dans l’Artsakh occupé !

Et lors de la récente visite de Pashinian à Munich, l’Occident a formulé une demande en vue de pousser définitivement la Russie hors de l’Arménie; en échange l’Occident aurait promis de freiner les ambitions militaires de l’Azerbaïdjan envers l’Arménie, sans rien promettre pour la préservation l’autodétermination de l’Artskh !
Dans le même temps l’Occident envoie à Pashinyan des messages clairs indiquant qu’il n’est pas prêt à sacrifier ses relations avec Bakou et Ankara pour le bien d’Erevan. Ce qui fut confirmé par les déclarations du représentant spécial de l’OTAN pour le Caucase du Sud, Javier Colomina, lors de sa visite à Erevan.
Ce qui fut confirmé également par l’accord entérinant le soutien américain pour les exportations de gaz azerbaïdjanais vers l’Europe par l’extension du corridor gazier méridional lors de la visite du ministre azerbaïdjanais de l’énergie à Washington les 20 et 21 février.

Ainsi lors de l’agression à la frontière de l’Arménie par l’Azerbaïdjan, (le partenaire fiable de la présidente de la Commission de l’UE Ursula von der Leyen), au cours de laquelle quatre soldats arméniens furent tués, la position ambiguë de l’U.E fut confirmée par la déclaration du Vice-président de la Commission européenne Josep Borrell, exprimant ses «condoléances» à l’Azerbaïdjan et qualifiant les tirs depuis le territoire arménien de «douloureux» et le bombardement des positions arméniennes par l’Azerbaïdjan de «disproportionné».

Dans son aveuglement et dans la droite ligne de sa nouvelle orientation, Pashinian s’est engagé dans un rapprochement avec l’Ukraine, attesté par la visite de la Première Dame en Ukraine et par une prochaine visite de Zelenskyy en Arménie, malgré le fort soutien de l’Ukraine à l’Azerbaïdjan dans le conflit qui entraîna la fuite vers l’Arménie de la totalité de la population de l’Artsakh.

Et la députée du Contrat Civil Julhakyan Arus va plus loin dans cette nouvelle orientation, en exprimant sa conviction et son espoir que la Turquie aura un impact sérieux sur l’établissement de la paix dans le Caucase, expliquant en même temps combien il est important de négocier avec les azéris dans un format bilatéral.
Ce que le Président du Parlement turc déclare en revendiquant un couloir dans le Syunik: «L’Arménie n’a pas d’autre chance que de vivre en paix et en solidarité avec l’Azerbaïdjan dans cette région».

Observant ces évolutions révélatrices, la Russie et l’Iran ont critiqué l’Arménie pour avoir accueilli un exercice militaire américano-arménien en septembre dernier et pour avoir accepté la mission de surveillance de l’UE le long de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Toutes ces évolutions ne risquent-elles pas de conduire à terme vers une situation comparable à celle de l’Ukraine ?

L’Arménie ne doit en aucun cas rechercher une alliance occidentale qui conduira à la même désillusion que l’alliance russe.
Seule ligne réaliste dans ce monde multipolaire, l’Arménie doit se défaire de toute alliance et de toute soumission et s’engager dans des partenariats, guidée par ses seuls intérêts.

Sam Tilbian

La rédaction
Author: La rédaction

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