Les ministres des affaires étrangères d’Arménie et d’Azerbaïdjan se sont rencontrés jeudi 14 octobre, pour la deuxième fois en moins d’un mois, dans le cadre d’un dialogue sous la médiation du chef de la diplomatie russe, et sur fond de tensions persistantes à la frontière entre les deux pays du Sud Caucase, entraînant une réaction ferme de l’Iran. Avant de s’asseoir à la table des négociations trilatérales, les deux ministres ont eu des entretiens séparés avec le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en marge de la réunion à Minsk, capitale de la Biélorussie, d’un sommet des chefs de la diplomatie d’une dizaine d’ex-Républiques soviétiques. Le ministère russe des affaires étrangères a publié un communiqué rendant compte des déclarations de S.Lavrov en préambule des discussions entre les ministres arménien Ararat Mirzoyan, et azéri, Jeyhun Bayramov. “Nous avons longuement discuté à Moscou dernièrement mais nous pouvons aujourd’hui nous pencher sur certains autres sujets d’intérêt bilatéral et bien sûr régional”, aurait ainsi déclaré S. Lavrov en s’adressant au ministre arménien en ajoutant : “Nous devons toujours porter notre attention sur le Karabagh” S’adressant à J. Bayramov, le ministre russe aurait fait état de “questions nécessitant une solution”, sans que le communiqué en précise la nature. Le ministère russe des affaires étrangères a ajouté que la rencontre trilatérale qui a suivi a permis aux ministres de “passer en revue” le processus de mise en œuvre des termes de l’accord de cessez-le-feu négocié par la Russie qui a mis fin, le 9 novembre 2020, à six semaines d’une guerre sanglante au Karabagh. “Ils en sont venus à la conclusion que la plupart des termes de cette Déclaration avaient été mis en œuvre avec succès. Ils ont convenu d’intensifier le travail sur les questions en suspens”, a poursuivi le communiqué du ministère russe sans donner plus de détails.
A. Mirzoyan, selon son service de presse, aurait mis l’accent sur le fait que Bakou continuait à garder prisonniers des dizaines de soldats et de civils arméniens, en violation des termes de l’accord de cessez-le-feu. Il aurait aussi réaffirmé l’engagement de Erevan à parvenir à un “règlement global et durable du conflit du Haut-Karabagh” tel que proposé par les coprésidents américain, russe et français du Groupe de Minsk de l’OSCE. Les trois médiateurs avaient pris part à la première rencontre entre MM. Mirzoyan et Bayramov qui se tenait à New York le 24 septembre en marge de l’Assemblée générale de l’Onu. Une déclaration commune indiquait qu’ils avaient « proposé des mesures spécifiques visant à une désescalade de la situation et les étapes possibles”, sans préciser la nature de ces propositions. Les médiateurs devraient visiter prochainement l’Arménie, l’Azerbaïdjan et le Karabagh, où ils ne se sont pas rendus depuis la dernière guerre, dans le cadre des efforts pour relancer le processus de négociations. L’Azerbaïdjan s’est montré plus que réservé concernant un processus qu’il juge désormais inutile, estimant avoir réglé avec sa victoire militaire sur les Arméniens, la question du Karabagh. Mais les Etats-Unis, comme la France, se sont chargés de lui faire savoir que la question du statut du Karabagh restait en suspens et nécessitait une solution durable. De son côté, la Russie, qui assure pour au moins cinq ans la sécurité de ce qui reste du Karabagh arménien, a fait comprendre à maintes occasions que cette mission d’arbitrage ne saurait pas constituer une solution durable. La question du Karabagh a d’ailleurs été au centre de la rencontre à Moscou le 12 décembre du président russe Vladimir Poutine et du premier ministre Nikol Pachinian. N. Pachinian avait désigné cette rencontre, la quatrième en quelques mois, comme “très productive”, sans fournir plus de détails.
