Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a révélé qu’en 2016, lui-même et le président russe Vladimir Poutine auraient proposé au president arménien de l’époque Serge Sarkissian de “rendre 5 régions” à l’Azerbaïdjan, mais que S.Sarkissian aurait decline cette offre. Le president Loukachenko, dont les relations sont plutôt orageuses avec le tombeur et successeur de S.Sarkissian, l’actuel premier ministre arménien Nikol Pachinian, qui l’a ouvertement critique à l’occasion de la crise provoquée par le limogeage du secrétaire arménien de l’OTSC, Youri Khatchatourov, poursuivi par la justice arménienne depuis cette semaine, a fait ces “révélations” vendredi 15 décembre, lors d’un point de presse avec les journalistes russes. Le leader de la Biélorussie a ajouté que cette proposition avait été faite à S.Sarkissian durant le sommet de 2016 de l’OTSC qui s’était tenu à Erevan. Selon A. Loukachenko, S.Sarkissian aurait fait valoir alors que “si nous rendions ces territoires, alors l’Azerbaïdjan couperait toutes les routes conduisant au Karabagh et occuperait toute la région” de l’Artsakh proprement dit. “Poutine et moi avons promis”, a précisé A. Loukachenko que “nous déploierions alors nos troupes de telle sorte que cela n’arrive pas. Mais il a persisté à rejeter l’offre”. A.Loukachenko a aussi révélé des détails sur le gazoduc dont Bakou aurait souhaité qu’il traverse la Géorgie mais aussi l’Arménie, pourtant victime d’un blocus drastique de l’Azerbaïdjan suivi par la Turquie qui exclut l’Arménie de tous les projets de transit routier oun énergétique via son territoire. Le leader biélorusse a affirmé qu’il avait eu des discussions avec S.Sarkissian et le président azéri Ilham Aliyev à ce propos. “Ils [l’Azerbaïdjan] construisaient un gazoduc. Je pense qu’il devait contourner l’Arménie” a indiqué A. Loukachenko, en prétendant que I.Aliyev lui aurait demandé de parler à Sarkissian, qui était président à l’époque, pour qu’il donne son accord en vue du passage du gazoduc sur le territoire arménien. J’ai visité l’Arménie et ai délivré ce message à Serge Sarkissian. Il l’a rejeté”, a ajouté A.Loukachenko. Le président biélorusse s’est plaint devant les journalistes de ce que la presse russe, en général, n’ait pas fait une couverture médiatique objective de son pays. Il a cité pour exemple les sommets du 6 décembre de la CEI et de l’UEE à St. Petersburg, faisant de discussions sit endues au sommet de l’Union eurasiatique qu’il a fallu qu’on se présente mutuellement nos excuses. A.Loukachenko a indiqué que la presse russe avait présenté l’incident de telle sorte qu’elle aurait laissé penser qu’il aurait dû presenter ses excuses à Poutine pour avoir débuté les hostilités. “mon honneur m’interdisait de m’excuser pour cela. Je me suis excusé devant Nikol [Pachinyan] pour l’avoir attaqué sur différents sujets’ a ajouté le leader Loukachenko selon lequel la reunion s’est limitée à une succession d’excuses de la part des participants, à commencer par Poutine. Le president Loukachenko, qui s’est vu reprocher de diffuser de fausses informations, se serait excuse après de Pachinyan pour avoir affirmé que le futur secrétaire general de l’OTSC serait un Biélorusse, alors qu’il n’a pas encore été désigné et que l’Arménie souhaiterait voir Khatchatourov remplacé par un Arménien.
Ce declarations lénifiantes de Loukachenko tendent à pacifier les relations avec Pachinian qui vient d’être conforté au pouvoir par les urnes à Erevan. Dans une autre declaration, le president biélorusse affirmait ne pas comprendre les critiques de Pachinian, alors qu’il a été toujours l’ami de l’Arménie! Et si ces critiques portent sur les ventes d’armes biélorusses à Bakou, il a invite Pachinian à s’en prendre à la Russie, principal fournisseur de l’armée azérie, ou à Israël, deuxième fournisseur. Elles s’inscrivent dans un climat qui se veut à la détente dans le processus de négociations entre Erevan et Bakou sur le Karabagh, que N.Pachinian comme I.Aliev, qui se sont rencontrés une nouvelle fois en marge du sommet de St Petersbourg, se disent prêts à relancer de manière constructive. Reste à savoir sur quelles bases. En faisant ces révélations sur S. Sarkissian et son intransigeance sur le Karabagh, Loukachenko laissait entendre que Pachinian serait plus souple, en écho à I. Aliev, qui se dit confiant dans les capacités de dialogue, et donc de compromis, du nouveau pouvoir arménien, mais aussi au ministre russe des affaires étrangères, S.Lavrov, qui affirmait avoir anticipé sur la reprise de pourparlers après l’accession au pouvoir de N.Pachinian, alors même qu’il se prepare à signer avec lui un texte proscrivant la presence de troupes étrangères sur le sol arménien. N.Pachinian, qui se trouve dans une situation inconfortable dans l’OTSC depuis la crise qu’il y a déclenchée au sommet, est poussé à négocier avec Bakou par ses partenaires, qui saluent en lui le possible artisan d’un accord de paix avec l’Azerbaïdjan. Dans un contexte tendu des relations entre Erevan et Stepanakert, où le chef d’état major a été limogé et remplacé sous la pression de N.Pachinian, après une polémique cause par les declarations d’un compagnon de Pachinian selon lequel la Révolution de velours était plus importante que la victoire sur les Azéris au Karabagh – ce qui n’a pas manqué d’être commenté à Bakou -, il faut espérer que le premier ministre arménien ne cèdera pas à ces pressions et ne s’engagera avec precipitation dans des compromis qui seraient très coûteux pour le Karabagh comme pour l’Arménie.
