Interrogé par l’édition en ligne du magazine Der Spiegel, M. Öger, eurodéputé socialiste et fondateur et gérant de la société de voyages Oger Tours, a démenti avec véhémence, dans un entretien, être lié à la séquestration d’un homme d’affaires turc en Belgique, n’excluant pas que toute cette affaire soit une machination contre lui.
Le député européen allemand d’origine turque Vural Öger se défend vigoureusement: « Je n’ai absolument rien à voir avec cela, c’est de l’appel au meurtre ».
Il déclare soupçonner une action dirigée contre sa personne: « L’ensemble est piloté depuis quelque part. Je suis désespéré et impuissant ».
Le directeur de la police judiciaire de Bruxelles, Glenn Audenaert avait révélé jeudi qu’elle étudiait comme « une des hypothèses de travail » l’implication d’un député européen, « homme d’affaires important en Allemagne » et d’origine turque.
Selon la police belge, un autre homme d’affaires turc résidant en Belgique, qui dirige une importante agence de voyages, avait été enlevé le 22 septembre par quatre hommes encagoulés. La victime avait été relâchée le 30 septembre à Bruxelles après avoir été séquestrée dans un chalet loué à Libin (sud de la Belgique).
Le motif de l’enlèvement serait un « contentieux commercial d’environ 1,5 million d’euros », avait précisé la police belge, selon qui l’enquête n’a révélé aucun motif politique.
Quatre personnes, auteurs présumés du rapt, et d’origine turque, ont été placées sous mandat d’arrêt pour « séquestration ».
Le député européen reconnaît au Spiegel Online qu’il a été en relation d’affaires en 1997 avec la victime, qui lui doit depuis lors 1,5 million d’euros, et qu’il a renoncé depuis longtemps à cette somme, en raison de « faillites à deux reprises » de cet homme d’affaires.
M. Öger affirme aussi connaître Ahmet Y., un des auteurs présumés, « depuis sept ou huit mois ». « Mais je connais tellement de gens et je ne peux pas toujours vérifier d’où ils viennent » ajoutant qu’il a appris depuis lors qu’un mandat d’arrêt a été émis » en Turquie contre cet Ahmet Y.
Le statut d’eurodéputé étant assorti d’une immunité, M. Öger, qui effectue en outre un voyage d’affaires en Turquie, n’a pu être interrogé par les policiers belges. Le député européen a déclaré qu’il voulait revenir rapidement à Bruxelles pour parler avec la police.
Défenseur de la Turquie laïque et kémaliste, il milite pour l’adhésion de son pays d’origine à l’Union européenne, reprochant volontiers aux Français leurs « préjugés ». Il a critiqué récemment certaines de ses collègues, y compris d’origine turque, qui voulaient inclure la question des droits de la femme dans les négociations d’adhésion.
Rappellons que l’eurodéputé allemand (SPD), Vural Öger, avait évoqué le 23 mars 2005 le rôle de l’Allemagne dans la décision prise par le gouvernement ottoman de déplacer une partie des populations arméniennes d’Anatolie en 1915.
« Celui qui était à la tête des armées à ce moment, Bronsart von Schellendorf, a écrit un article dans un journal allemand en 1921 dans lequel il affime que la ‘déporation était nécessaire car les Arméniens, à l’arrière des lignes de front, ont combattu en s’alliant aux Russes. Un grand nombre de villages turcs ont été détruits et brûlés. Les milices arméniennes ont massacré environ 60 000 Turcs’. Il a même conseillé que ‘les Allemands nettoient l’arrière des lignes' ».
Selon Vural Öger, la proposition faite par les Allemands de déporter les Arméniens s’était heurtée à l’époque à l’opposition de plusieurs responsables ottomans importants. Mais l’avis d’Enver et de Talat Pacha, favorable aux Allemands, l’avait finalement emporté.
