L’Europe peut-elle réellement jouer un rôle en Arménie ?

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Alors que depuis près de dix mois, l’Artsakh était soumis à un impitoyable blocus, les appels répétés tant de Stepanakert que d’Erévan en direction de l’Europe n’ont eu pour effet que des communiqués de condamnation. Sans acte ni sanction, laissant libre cours à l’agression de l’Azerbaïdjan et l’épuration ethnique de sa population d’origine, les Arméniens, qui vivaient sur ces terres de l’Artsakh depuis des millénaires.

Aujourd’hui, alors que le gouvernement arménien en l’absence du partenaire stratégique russe se tourne vers l’Europe pour son destin politique et stratégique, que peut attendre Erévan de l’Europe ?
Une Europe qui n’est qu’un conglomérat de lobbyisme et d’intérêts économiques, à l’exemple de la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rendant à Bakou et affirmant en contrepartie de quelques mètres cubes de gaz russe et accessoirement azéri, que le sanguinaire despote de l’Apchéron, Aliev, le digne successeur des Talaat et Enver pacha, est un « partenaire fiable ». C’est cela l’Europe qui pour contourner l’embargo sur le gaz russe, achète à un prix majoré, le même gaz russe transitant par l’Azerbaïdjan et la Turquie !
Attendre justice de cette Europe hypocrite serait une pure perte de temps. Car ni les déclarations du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, ni celles du Président du Conseil européen Charles Michel autour du Haut-Karabagh et de la paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, n’ont eu à ce jour un quelconque effet.

Dans ces conditions, le gouvernement arménien perdrait beaucoup de temps à attendre un effet majeur de l’Europe envers l’Arménie, même si les déclarations et le positionnement politique en faveur de l’Arménie peuvent quelque peu freiner les ardeurs turco-azéries sur l’Arménie. Ainsi la mise en place de plus d’une centaine d’observateurs de l’UE aux frontières de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan après l’agression du territoire arménien en septembre 2022, a eu pour effet de réduire les attaques azéries. Mais les communiqués de Bruxelles n’ont pas freiné Bakou dans son agression et de l’occupation de l’Artsakh. Car l’Europe n’a pas d’armée pour intervenir -si jamais elle avait la volonté- et l’Azerbaïdjan le sait…
Face à cette Europe qui n’a à ce jour prononcé aucune sanction contre l’Azerbaïdjan et continue de se fournir de ses hydrocarbures, et qui par acquis de conscience et par hypocrisie lance des communiqués bien stériles, sans toutefois nommer l’agresseur azéri, afin de protéger ses intérêts.
Pourtant, malgré ces contradictions, une entrée de l’Arménie dans l’Union européenne, pourrait lui garantir paix et prospérité et faire bénéficier de la réelle solidarité européenne en matière politique et économique. Quant au bouclier militaire, seul l’OTAN s’affiche à ce jour come le plus efficace en Europe, car l’Europe, au-delà des nations, n’a pas d’armée commune.

Cependant, en Europe, la France, « pays ami de l’Arménie », se démarque comme un véritable soutien à l’Arménie face à Berlin, Rome et Madrid bien indifférents au sort des Arméniens.
Les récentes déclarations fortes à Erévan par Catherine Colonna la ministre française des Affaires étrangères soutenant l’Arménie, et les contrats de fourniture d’armes françaises à l’Arménie récemment signés à Paris entre Suren Papikian le ministre arménien de la Défense et son homologue français Sébastien Lecornu, démontrent que la France est passée au-delà des déclarations, à l’étape du soutien concret de l’Arménie.

La France pourrait d’ailleurs devenir la « locomotive » de l’intégration de l’Arménie à l’Union européenne. Car même si l’Arménie est encore loin de cette vision au sein de l’UE, elle a tous les moyens d’intégrer un jour. La Roumanie et la Bulgarie qui se situent au niveau économique de l’Arménie -PIB par habitant- ont bien intégré à l’Europe des 27 ? Face au monde touranien à l’appétit féroce, une intégration de l’Arménie au sein de l’Union européenne pourrait garantir sa sécurité à long terme et lui permettre un développement économique plus large.

Ainsi, si l’Europe n’a jusqu’à présent joué qu’un rôle faible en Arménie, l’intégration de l’Arménie à l’UE pourrait aider l’Etat arménien à se pérenniser et vivre en paix.
A l’heure où l’Arménie qui traverse une grande période d’incertitudes et qui se trouve à la croisée des chemins, ceux qui mènent à l’Europe, berceau réel de sa civilisation, pourraient être les plus judicieux.

Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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