L’ancien président Serge Sarkissian a de nouveau accusé le Premier Ministre Nikol Pashinian d’avoir rendu inévitable la guerre du Haut-Karabagh de l’année dernière, par sa politique « imprudente et irresponsable » sur le conflit avec l’Azerbaïdjan.
Dans un long article publié mardi par l’agence de presse Sputnik, M. Sarkissian affirme avoir tenté sans succès d’être réélu il y a trois ans car il y voyait l’occasion de trouver une solution de compromis au conflit.
Il a affirmé que Pashinian a torpillé un accord proposé par les États-Unis, la Russie et la France après être arrivé au pouvoir lors de la « révolution de velours » d’avril-mai 2018.
« À partir de mai 2018, à la suite des graves bévues diplomatiques et des déclarations et actions imprudentes des nouvelles autorités arméniennes, la situation a commencé à changer non pas en faveur d’Erevan – que la communauté internationale a commencé à considérer comme une partie non constructive du processus de négociation », a-t-il écrit. « Bakou a obtenu ce qu’il n’avait pas réussi à obtenir pendant des décennies : accuser l’Arménie d’abandonner les négociations comme un casus belli (cas de guerre). »
Un membre important du parti du Contrat Civil de Pashinian, Ruben Rubinian, a rejeté les accusations de Sarkissian mercredi. Rubinian a accusé l’ex-président de mentir sur la raison de sa tentative de se maintenir au pouvoir à la fin de son dernier mandat et de justifier de fait la décision de l’Azerbaïdjan de déclencher la guerre en septembre 2020.
M. Rubinian a déclaré que M. Sarkisian avait lui-même expliqué peu avant sa démission, que le processus de paix au Karabagh était dans l’impasse en raison du rejet obstiné de Bakou des propositions faites par les médiateurs américains, russes et français.
M. Sarkissian avait déjà dénoncé la gestion du processus de paix par M. Pashinian lors de la récente campagne électorale. Il a rendu publics des commentaires de Pashinian, enregistrés de façon clandestine, sur le plan de paix proposé par les trois co-présidents des groupes de Minsk de l’OSCE.
Pashinian y déclare avoir rejeté le projet de paix car il ne formalisait pas la scission immédiate du Karabagh de l’Azerbaïdjan et ne déterminait pas le statut du territoire.
Le Premier Ministre a minimisé ses propos et a insisté sur le fait que le projet de paix proposé favorisait l’Azerbaïdjan. « La communauté internationale, sur laquelle nous avons fondé nos espoirs pendant de nombreuses années, nous a pressés de restituer des territoires sans rien proposer en échange », a-t-il expliqué.
M. Pashinian a fait des déclarations similaires au lendemain de la guerre de six semaines. Il a nié les affirmations de ses opposants selon lesquels il aurait pu empêcher les hostilités désastreuses, qui ont fait au moins 3 700 morts parmi les soldats arméniens, en acceptant les propositions de paix des médiateurs.
En janvier, Igor Popov, le coprésident russe du groupe de Minsk de l’OSCE, a accusé Pashinian de déformer ces propositions. Popov a spécifiquement nié que le projet de paix n’offrait rien aux Arméniens en échange de leur retrait des districts autour du Karabagh, qu’ils occupaient au début des années 1990.
Popov a insisté sur le fait que, selon le plan du Groupe de Minsk, la population du Karabagh serait en mesure de déterminer le statut du territoire contesté lors d’un futur référendum juridiquement contraignant.
