Des dizaines de milliers d’habitants du Haut-Karabakh ont fui vers l’Arménie mercredi, dans le cadre d’un exode continu de la population de la région déclenché par l’offensive militaire azerbaïdjanaise de la semaine dernière.
À 8 heures, heure locale, 65 036 personnes, soit près de la moitié de la population estimée du Karabakh, sont passées en Arménie par le corridor de Latchine, a déclaré à la presse Nazeli Baghdasarian, porte-parole du Premier ministre Nikol Pachinian.
La route reliant le Karabakh à l’Arménie est restée encombrée par des centaines de voitures, de bus et de camions transportant des Arméniens du Karabakh qui ne veulent pas vivre sous la domination de l’Azerbaïdjan.
« Les pauvres gens sont laissés sans aucune aide lorsqu’ils prennent la route pour venir ici », s’est plaint l’un des réfugiés. « Il n’y a pas d’escorte, rien. Ni les Russes ni personne d’autre ne donne d’indications ».
Cette femme d’âge moyen s’est entretenue avec le service arménien de RFE/RL dans la ville frontalière de Goris, où un centre d’aide mis en place par le gouvernement arménien continue de leur offrir des médicaments, de la nourriture, des vêtements chauds et des logements temporaires.Les fonctionnaires locaux travaillant sur place ont été rejoints par de nombreux bénévoles d’organisations caritatives privées qui aident également les réfugiés.
M. Baghdasarian a déclaré plus tôt dans la journée que seuls quelque 8 000 réfugiés avaient accepté un hébergement fourni par le gouvernement dans des hôtels, des stations balnéaires et des bâtiments publics en Arménie. La plupart d’entre eux ont été réinstallés dans les provinces de Kotayk et d’Ararat, au nord et au sud d’Erevan.
La majorité des réfugiés qui arrivent continuent de dire aux fonctionnaires et aux travailleurs humanitaires qu’ils vivront avec des parents ou qu’ils auront d’autres lieux de résidence en Arménie.
En visite à Goris mardi, Samantha Power, directrice de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), a déclaré que Washington fournirait une aide humanitaire de 11,5 millions de dollars aux réfugiés. L’Union européenne a annoncé, pour sa part, un programme d’aide humanitaire d’une valeur de 5 millions d’euros (5,1 millions de dollars) pour les Arméniens du Karabakh déplacés de force et pour les personnes restées au Karabakh. Des sommes similaires ont été promises séparément par la France et l’Allemagne.
« J’ai décidé d’augmenter une nouvelle fois de manière significative notre aide humanitaire et de faire passer notre financement supplémentaire pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de 2 à 5 millions d’euros (5,28 millions de dollars) », a déclaré mercredi la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.
Le CICR est la seule organisation humanitaire internationale autorisée par l’Azerbaïdjan à opérer au Karabakh. S. Power a déclaré que Bakou devait également donner aux autres organisations humanitaires « un accès total et sans entrave au corridor de Latchine et aux villages et villes du Haut-Karabakh ».
Washington a également demandé l’envoi d’une mission internationale d’observation au Haut-Karabakh. De même, M. Baerbock a exhorté Bakou à autoriser les observateurs internationaux à pénétrer dans la région déchirée par la guerre.
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