En dépit de la pluie battante et des rafales de vent, ils étaient des milliers à se rassembler dès le milieu de l’après-midi aux abords du Panthéon, afin d’honorer la mémoire de Mélinée et Missak Manouchian. Français ou Français de préférence, Parisiens ou touristes, venus en famille, entre amis, simple curieux ou passionnés chacun a ses propres motivations.
Tandis que Michel évoque avec émotion son grand-père, lui-même « résistant, et inhumé à Ivry aux côtés du Groupe Manouchian », Florence se dit « très touchée depuis toujours par l’histoire arménienne ». Un affect qui rejoint désormais sa trajectoire familiale, sa belle-fille étant Arménienne et elle-même heureuse grand-mère d’une petite Arev.
Agnès exprime sa « profonde admiration envers ces jeunes étrangers qui, reconnaissants d’avoir été accueillis par la France, se sont levés pour défendre leur patrie de cœur ». De son côté Bernard explique comment son enfance « a été baignée des récits de la Résistance racontés par ses parents, adolescents durant la guerre ».
Pour Philippe, « Manouchian représente à la fois la culture et le savoir, mais aussi des convictions très profondes liées aux principes de liberté, qu’il a également défendues au moment de la guerre d’Espagne », alors que Clotilde voit en lui le poète et l’amoureux, elle qui, alors collégienne de 12 ans avait été « bouleversée en découvrant sa dernière lettre à Mélinée ».
Elle n’est pas la seule car bien des yeux se mouillent tandis que retentissent ces phrases, si remplies d’humanité, une lecture retransmises comme le reste de la cérémonie sur écran géant. Tandis que s’égrènent les noms des combattants de l’Affiche Rouge, la foule scande les « Mort pour la France » avant de fredonner Ils sont tombés.
L’émotion est tangible alors que s’avance solennellement le cortège portant les cercueils de Missak et de Mélinée. La pluie redouble de violence mais les spectateurs tiennent bon jusqu’à la fin de la cérémonie, où des épisodes sur la vie des Manouchian alternent avec lectures de poèmes ou moments musicaux, du doudouk au Chant des Partisans.
Enfin, vient le moment du discours présidentiel, dont le magnifique hommage est chaudement applaudi, suivi par la Marseillaise, reprise en choeur par une foule toujours aussi enthousiaste et motivée.