Hayastani Hanrapetoutioun, Hayots Achkhar et Azg reproduisent des extraits de l’interview télévisée de plus de deux heures du Premier Ministre Serge Sarkissian, au cours de laquelle le président nouvellement élu a répondu à environ 80 questions sur un total de 3000. La plupart ont porté sur la situation politique intérieure de l’Arménie, ainsi que sur la politique étrangère, la politique économique, les domaines social et de la jeunesse. Le PM a promis d’organiser une nouvelle interview télévisée une fois le nouveau gouvernement formé.
Emeutes du 1er mars- Le président nouvellement élu a reconnu une part de responsabilité des autorités dans les événements dramatiques du 1er au 2 mars, dans la mesure où celles-ci n’ont pas pu les prévenir, bien qu’elles aient mis en garde contre la possibilité de tels événements au cours de la campagne électorale. Ce n’est pas le degré de culpabilité qui importe aujourd’hui, mais les moyens qui doivent exclure à l’avenir la répétition de tels événements tragiques, la meilleure voie passant par la mise en uvre de réformes et un travail efficace.
Les autorités ont déployé beaucoup d’efforts (sinon tout leur possible) afin d’éviter les affrontements entre la foule et les troupes de police. La police a proposé à la foule rassemblée devant l’Ambassade de France de faire une marche pacifique vers le Maténadaran (musée des anciens manuscrits), mais cette proposition est finalement restée lettre morte, car la foule avait déjà reçu instruction de Lévon Ter-Petrossian [depuis son domicile] de se barricader devant l’Ambassade. Ce n’est qu’après cette instruction, relève le PM, que la foule a commencé à arrêter et renverser des trolleys et des bus pour faire des barricades. Les appels des policiers à ne pas se livrer à des actions illégales ont donné prétexte à des agressions. Il y a des images d’agression d’un policier par 40 à 50 personnes. Un député de l’AN a été poignardé uniquement pour avoir tenté de sauver un policier. Et de rappeler que tous les responsables doivent être déférés devant la justice. Le fait que les policiers n’ont pas été armés d’équipements spéciaux, montre qu’ils n’avaient point l’intention de disperser la foule. Le PM reconnaît toutefois que le Gouvernement n’a pas songé jusqu’ici à l’équipement technique des troupes de police afin de les mettre au niveau des forces armées.
Selon le PM, aucun ordre de disperser les manifestants sur la Place de la Liberté dans la nuit du 1er mars n’a été donné. Les policiers s’y sont rendus dans un seul but : procéder à une fouille après avoir reçu des informations sur l’existence d’armes à feu. Si les policiers avaient la moindre envie de disperser les manifestants abrités dans les tentes, ils s’y seraient rendus en uniformes spéciaux, munis d’armes, de casques et de matraques. Les manifestants étaient par ailleurs préparés à une confrontation avec la police.
Serge Sarkissian a affirmé qu’il était en paix avec sa conscience, mais qu’il n’était pas tranquille car la situation demeurait tendue dans le pays. Contrairement à lui, certains personnes étaient tranquilles : le matin du 2 mars l’un d’eux (allusion à Lévon Ter-Petrossian) a appelé son entourage et dit « qu’il n’avait jamais aussi bien dormi que cette nuit ». Serge Sarkissian a implicitement confirmé le ralliement du général Manvel Grigorian, vice-Ministre de la défense, à Lévon Ter-Petrossian, ce qui a été démenti par l’entourage du vice- Ministre à plusieurs reprises. Le PM a regretté que le général Manvel Grigorian- un ami très proche- ait tenté de se mêler des processus politiques et désobéi au commandant en chef des forces armées. Les raisons de sa prise de position doivent encore être éclaircies.
Spéculation sur l’attentat du 27 octobre 1999- Le PM estime amorales les spéculations sur le 27 octobre et relève que spéculent sur cet attentat les personnes qui étaient les premières à s’en réjouir. Le principal spéculateur (allusion à Lévon Ter-Petrossian) était le premier à se réjouir de cet attentat, selon lui. Le PM relève que Vazguen Sarkissian (l’une des victimes de cet attentat, ancien PM) était le premier à sentir le danger [qui émanait de Ter-Petrossian] et s’est levé contre ce danger [allusion au fait que Vazguen Sarkissian a joué un rôle clé dans la démission de l’ex-président].
Eventuel dialogue avec Lévon Ter-Petrossian- Serge Sarkissian a laissé comprendre qu’il n’envisageait aucun dialogue avec son rival. « Je n’ai jamais été contre un quelconque dialogue, mais de quel dialogue peut-il être question si Lévon Ter-Petrossian continue à déclarer qu’il est élu président avec 65% de voix et continue à me considérer comme un « bandit » et comme un « tatar-mongol » ».
Formation du nouveau gouvernement- Le PM a réitéré ses déclarations selon lesquelles des remaniements spectaculaires devaient avoir lieu au sein du Gouvernement. Ceci dit, il a précisé que les Ministres qui ont fait la preuve de leur excellence seront reconduits dans leurs fonctions. Le PM a confirmé la participation du parti Dachnak dans le nouveau gouvernement de coalition. Ce dernier devrait en principe rassembler les partis « Républicain », « Arménie prospère », « Etat de droit » d’Arthur Baghdassarian et « Dachnak ». Le PM est convaincu que le nouveau Gouvernement sera en mesure de mettre en place de sérieux changements et d’accélérer le développement du pays. Dans dix jours, lesdites forces politiques présenteront au jugement de la société leur programme politique. Serge Sarkissian a confirmé qu’il a aussi rencontré le Président du parti « Union nationale-démocratique », candidat présidentiel Vazguen Manoukian.
Serge Sarkissian a par ailleurs relevé que le Président sortant Robert Kotcharian n’assumera pas les fonctions de PM. « M. Kotcharian et moi-même, nous sommes suffisamment honnêtes et, si un tel scénario avait effectivement été à l’ordre du jour, nous en aurions parlé avant l’élection comme MM. Poutine et Medvedev l’on fait ».
Interrogé sur ses promesses de rétablir la justice alors que le système judiciaire demeure l’un des systèmes les plus corrompus, Serge Sarkissian a promis de mener une lutte acharnée contre ce phénomène en améliorant la législation et en éradiquant les clauses augmentant les risques de corruption. Le PM s’attend à une participation active de la société civile à la lutte contre la corruption.
Absence de message de félicitation du Président Bush- Serge Sarkissian a expliqué l’absence de message de félicitation du Président américain par la situation politique intérieure en Arménie et estime que cette absence ne serait pas liée aux élections. Le PM rappelle que le lendemain des élections le Département d’Etat américain avait fait savoir qu’il acceptait l’évaluation de la Mission d’observation internationale.
Durant cette interview télévisée des questions de nature personnelle, notamment sur ses intérêts économiques, ses « faibles pour les casinos » et « le comportement scandaleux de ses neveux », ont également été posées au PM. Il a indiqué que ses avoirs financiers n’étaient pas aussi importants qu’on le suggère, qu’il ne fréquentait pas de casinos et qu’il ignorait tout du comportement scandaleux de ses neveux, mais que si des gens en connaissaient des exemples concrets, il suffirait qu’ils en fassent état auprès de lui.
Ambassade de France en Arménie
Service de presse
