L’Iran vient-il d’adresser à la Turquie une réprimande du type « Donnez-nous des actes, pas des paroles » à propos de sa réaction à l’assaut israélien sur Gaza ? Les observateurs sont restés perplexes, le 28 novembre, lorsque le président iranien Ebrahim Raisi ne s’est pas présenté à une visite à Ankara annoncée personnellement au début du mois par son homologue Recep Tayyip Erdogan.
Comme l’a rapporté bne IntelliNews le 2 novembre, la Turquie n’a pas répondu à l’appel du plus haut diplomate de Téhéran qui demandait l’interdiction d’expédier du pétrole vers Israël. Malgré la rhétorique colérique et les invectives qu’Erdogan lance presque quotidiennement contre les Israéliens, Israël continue d’obtenir près de 40 % de son pétrole brut sous la forme de pétrole azerbaïdjanais expédié vers le pays depuis le port turc de Ceyhan. L’argument selon lequel, lorsqu’il s’agit de la souffrance des Palestiniens à Gaza, Erdogan semble être plutôt grand dans les mots, mais faible dans l’action, a été alimenté cette semaine lorsque la branche turque du mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions dirigé par les Palestiniens a souligné que les centrales électriques du conglomérat turc Zorlu Holding répondent à au moins 7 % des besoins annuels d’électricité d’Israël.
La confusion autour de la visite de M. Raisi souligne les tensions qui persistent entre les puissances régionales et les voisins, l’Iran et la Turquie, malgré leurs points de vue communs sur la guerre entre Israël et le Hamas, a rapporté l’AFP, notant que lorsque M. Raisi ne s’est pas présenté à la réunion prévue, la présidence turque n’a pas expliqué si la visite avait été annulée ou reportée.
L’agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim a, quant à elle, rapporté que la visite de M. Raisi en Turquie avait été « reportée », mais n’a fourni aucune raison ni aucun autre détail.
« Le président iranien Ebrahim Raisi viendra chez nous le 28 du mois », avait déclaré M. Erdogan aux journalistes le 11 novembre.
Les médias d’État turcs ont également annoncé cette visite et la télévision turque en a largement parlé jusqu’au 27 novembre. Mais en même temps, elle n’a jamais été officiellement confirmée par le bureau de M. Raisi.
Les deux présidents et les principaux diplomates des deux pays ont eu des conversations téléphoniques au cours du week-end, axées sur la guerre de Gaza.
Erdogan a qualifié Israël d' »État terroriste ». Il a également irrité Israël et ses alliés occidentaux en qualifiant le Hamas de « groupe de libération » malgré le massacre brutal qu’il a commis à l’intérieur d’Israël le 7 octobre. Certains analystes pensent toutefois que l’Iran fait passer le message qu’il souhaite que la Turquie aille au-delà de la rhétorique en coupant les liens lucratifs avec Israël en matière de commerce et d’énergie.
« L’Iran attend de la Turquie qu’elle mette fin à son commerce direct et indirect avec Israël », a déclaré à l’AFP Hakki Uygur, directeur du Centre d’études iraniennes d’Istanbul.
« La Turquie, quant à elle, a adopté une attitude qui consiste à séparer les questions politiques et commerciales.
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