L’Iran souhaite voir l’Arménie renforcer sa position dans la région et est prêt à fournir « toute assistance » à cette fin, a déclaré mardi 6 février l’ambassadeur iranien à Erevan. Mehdi Sobhani a également réaffirmé le soutien de Téhéran à la position du gouvernement arménien sur les liaisons de transport avec l’Azerbaïdjan.
À la fin de l’année dernière, Erevan a proposé un projet de « carrefour de la paix » afin d’ouvrir la frontière arméno-azerbaïdjanaise aux voyages et au commerce. Selon ce projet, l’Arménie et l’Azerbaïdjan devraient avoir le contrôle total des infrastructures de transport à l’intérieur de leur territoire respectif. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en a fait l’éloge lors d’une visite en décembre dans la capitale arménienne.
L’Azerbaïdjan a effectivement rejeté cette formule et a renouvelé ses demandes de corridor extraterritorial qui le relierait à son exclave du Nakhitchevan en passant par le Siounik, la seule région arménienne limitrophe de l’Iran. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a déclaré début janvier que les personnes et les marchandises devraient pouvoir circuler dans ce corridor « sans aucun contrôle ».
Nous saluons et soutenons le projet « Crossroads of Peace » présenté par N. Pachinian », a déclaré M. Sobhani aux journalistes et analystes arméniens. « Ce projet vise à maintenir la paix et la stabilité dans la région et à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté des pays de la région. Nous considérons que la position de l’Arménie est logique et conforme aux normes internationales ».
« Nous saluons le déblocage des routes, mais seulement si cela se fait dans le respect des intérêts et de la souveraineté des pays de la région », a déclaré l’envoyé dans des commentaires cités par l’agence de presse Armenpress. « Nous soutenons le renforcement de l’Arménie et l’établissement de la paix et de la stabilité. Seul un équilibre des forces dans notre région y contribuera. Nous sommes prêts à fournir toute l’assistance dont l’Arménie aura besoin pour poursuivre son développement ».
M. Sobhani a fait part de l’opposition de l’Iran aux demandes azerbaïdjanaises concernant le « corridor de Zangezur » soutenu par la Turquie. La République islamique ne tolérera aucun « changement géopolitique » dans le Caucase du Sud, a-t-il déclaré, faisant écho à des déclarations régulièrement faites par les dirigeants iraniens.
Kamal Kharrazi, conseiller principal du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, l’a également fait savoir lors de sa visite à Erevan la semaine dernière. N. Pachinian et son ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, ont salué la position de Téhéran lors de leurs entretiens avec M. Kharrazi.
La position de l’Arménie sur cette question a été critiquée non seulement par l’Azerbaïdjan et la Turquie, mais aussi par la Russie, son allié de longue date. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, s’est plaint le 18 janvier qu’Erevan s’oppose au contrôle russe d’une éventuelle route et d’une voie ferrée du Siounik menant au Nakhitchevan. S. Lavrov a affirmé qu’un accord conclu sous l’égide de la Russie, qui a mis fin à la guerre de 2020 dans le Haut-Karabakh, prévoit un « contrôle neutre des frontières et des douanes ». Les dirigeants arméniens le nient.
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