Une entreprise allemande a été chargée d’une étude de faisabilité pour la construction d’une ligne de Transrapid, train à sustentation magnétique développé par un consortium allemand, sur une route de pèlerinage en Iran, a annoncé le directeur de cette société mardi dans une interview.
La société Schlegel basée à Munich (sud) doit étudier la faisabilité d’une ligne de 800 km entre Téhéran et la ville sainte chiite de Mashad (nord-est), a dit le directeur de l’entreprise, Harald Späth, à la Süddeutsche Zeitung qui a rapporté ses propos au mode indirect.
Il a par la suite confirmé l’information.
Selon M. Späth, l’Iran aurait prévu un financement de 1,5 milliard de dollars pour démarrer le projet, encore à un stade préliminaire, et espère trouver des financements privés.
L’objectif est de convoyer chaque année entre 12 et 15 millions de pèlerins en deux ou trois heures, alors que le voyage s’effectue jusqu’ici en deux journées de bus, indique la Süddeutsche Zeitung.
Selon Otto Wiesheu, ancien ministre de l’Economie de Bavière (sud) qui avait été en partie à l’initiative du projet lors d’une visite en Iran en 2004, il n’existerait aucun risque de sanction politique.
« Le transport de pèlerins en Iran n’est sûrement pas un projet qui s’expose à des mesures de boycott », a-t-il dit à la Süddeutsche Zeitung.
Le Transrapid est développé conjointement par Siemens et ThyssenKrupp. La société commune formée par les deux entreprises allemandes a décliné tout commentaire mardi sur le projet en Iran: « Nous ne sommes pas encore impliqués », a dit un porte-parole.
La perspective d’une ligne de Transrapid en Iran a toutefois fait réagir dès mardi le Conseil central des Juifs d’Allemagne: « Aucune relation commerciale ne doit être établie avec ceux qui nient l’Holocauste », selon un communiqué qui assure que le train « pourrait aussi transporter des armes et des terroristes. » « L’Allemagne ne doit pas troquer sa conscience démocratique contre des intérêts économiques », a commenté la présidente de l’institution, Charlotte Knobloch.
Le train à sustentation magnétique, sensé être la vitrine de la technologie allemande, est jusqu’ici un échec commercial.
Il n’est pour l’instant exploité commercialement que sur une ligne en Chine, reliant Shanghai à son aéroport.
Et les autorités chinoises viennent d’annoncer le report sine die d’un projet d’extension de cette ligne, officiellement en raison de craintes sur les radiations dégagées par le train. Le budget prévu pour cette extension ne cesse d’enfler et dépasse déjà de 652 millions de dollars les prévisions initiales.
« Le projet n’est pas gelé. Nos clients ne nous ont rien laissé entendre de tel », a dit le porte-parole de la société Transrapid.
La réputation du Transrapid a encore été assombrie à l’automne dernier par un accident qui a fait 23 morts sur une voie d’essai dans le nord de l’Allemagne.
