Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, s’est rendu hier à Erevan. Il a réaffirmé le désir de son pays de continuer à rechercher des relations plus étroites avec l’Arménie voisine après la récente guerre au Haut-Karabakh.
Zarif a également exprimé le ferme soutien de l’Iran à l’intégrité territoriale de l’Arménie en discutant de la sécurité régionale et des relations bilatérales avec son homologue arménien Ara Ayvazian.
«La République islamique d’Iran attache de l’importance à l’intégrité territoriale de tous les pays et s’efforce de garantir que les religions et les droits de tous les peuples sont toujours protégés. Notre ligne rouge est l’intégrité territoriale de la République d’Arménie et nous l’avons clairement indiqué », a-t-il assuré à Ayvazian au début de leurs discussions.
«Nous sommes prêts à approfondir nos relations avec l’Arménie dans les domaines politique, économique, culturel et sécuritaire», a-t-il ajouté.
« Nous avons de nombreuses préoccupations communes. Nos préoccupations incluent la présence de terroristes et de combattants étrangers », a pointé Zarif, faisant vraisemblablement allusion à la participation aux côtés de l’Azerbaïdjan largement documentée de mercenaires du Moyen-Orient lors de la guerre de six semaines.
Zarif a également fait part de ces préoccupations lors de sa réunion séparée avec le Premier ministre Nikol Pachinian qui s’est tenue plus tard dans la journée. M. Pachinian a affirmé qu’il attendait avec impatience de discuter avec le haut diplomate iranien du «développement et de l’approfondissement de nos relations bilatérales» et d’autres «questions très importantes».
Un communiqué du gouvernement arménien au sujet de la réunion indique que les deux hommes avaient «échangé leurs pensées» sur les conséquences de la guerre du Karabakh interrompue par un cessez-le-feu négocié par la Russie le 10 novembre.
«Le Premier ministre a noté que de nombreuses questions, y compris le statut du Haut-Karabakh, restent non résolues et que l’Arménie est prête à poursuivre les négociations dans le cadre de la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE», peut-on lire dans le communiqué.
Selon ce dernier, Zarif et Pashinian ont souligné l’importance du «déblocage et de la réactivation des liaisons de transport régionales».
L’accord de cessez-le-feu appelle à l’ouverture de la frontière arméno-azerbaïdjanaise au fret et à d’autres trafics. Il engage spécifiquement Erevan à ouvrir des liaisons ferroviaires et routières entre l’enclave du Nakhitchevan et le reste de l’Azerbaïdjan qui passeront vraisemblablement par la province arménienne de Syunik, à la frontière de l’Iran. Pour sa part, l’Arménie devrait pouvoir utiliser le territoire azerbaïdjanais comme voie de transit pour les expéditions de marchandises à destination et en provenance de la Russie et de l’Iran.
S’adressant au service arménien de RFE / RL après ses entretiens avec Ayvazian, M. Zarif a révélé que l’Iran voyait également maintenant une réelle chance d’établir une liaison ferroviaire avec l’Arménie en passant par le Nakhitchevan.
«C’est une exigence tant pour l’Iran et l’Arménie que pour la région, et nous travaillons avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie en ce sens», a-t-il commenté.
Zarif est arrivé en Arménie en provenance de Moscou dans le cadre d’une tournée régionale entamée lundi à Bakou. Lors d’une rencontre avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, il a félicité l’Azerbaïdjan pour sa «victoire» dans la guerre et a déclaré que l’Iran était prêt à aider à reconstruire les zones autour du Karabakh reprises par les troupes azerbaïdjanaises.