L’Iran réitère sa ferme opposition à tout « changement géopolitique » dans le Sud Caucase, en réponse aux exigences turques insistantes sur le « corridor du Zanguezour » traversant l’Arménie

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Alors que l’Iran et la Turquie s’emploient à normaliser leurs relations, comme le montrait la visite à Ankara du président iranien Ebrahim Raisi dans un contexte régional dominé par la guerre d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza, l’Arménie reste l’un des obstacles à cette normalisation que contrarie aussi les liens étroits unissant l’Azerbaïdjan, principal allié de la Turquie dans la région, à Israël, singulièrement dans le domaine militaire. Pour la République islamique d’Iran, les invectives du président turc Erdogan contre l’Etat hébreu et contre son premier ministre israélien Netanyahou, accusé de « génocide contre les Palestiniens », ne sont qu’un écran de fumée, qui cache les liens économiques persistants entre la Turquie et Israël, dont l’Azerbaïdjan, qui vient de signer un nouveau contrat d’armement avec l’Etat hébreu, son principal fournisseur d’armes dans le conflit qui l’oppose à l’Arménie, serait l’une des courroies de transmission. C’est dans ce contexte que l’Iran a jugé utile de réitérer sa ferme opposition à tout « changement géopolitique » dans le Sud Caucase, en réponse aux déclarations d’un ministre turc qui annonçait, lundi 8 janvier, qu’un corridor extraterritorial controversé censé relier l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan via la région sud de l’Arménie frontalière de l’Iran devrait être inauguré en 2029. “Nous déployons tous nos efforts pour établir la paix, la stabilité et la sécurité dans les pays de la région ”, a ainsi déclaré Nasser Kanaani, le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, cité par l’agence de presse officielle IRNA, en ajoutant : “Nou soulignons que développer la coopération dans le transit ne saurait être une base pour des changements géopolitiques et pour la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale des pays ”. Kanaani répondait aux propos du ministre turc des transports et infrastructures Abdulkadir Uraloglu relatifs au “corridor du Zanguezour ”. Uraloglu avait affirmé que la Turquie et l’Azerbaïdjan construisaient leurs sections respectives de cet axe routier et ferroviaire dont ils exigent qu’il passe par la province méridionale arménienne du Syounik. “Le processus global de création de ce corridor prendra cinq ans. Aussi, je pense que les travaux seront terminés en 2028 ”, avait-il ajouté, dans une intervention publiée par les media turcs. L’Iran a régulièrement mis en garde contre les tentatives d’effacer la frontière « historique » qu’il partage avec l’Arménie ainsi que les axes de transport qu’ils utilisent dans le cadre d’un axe sud-nord porteur de promesses. Le président iranien Ebrahim Raisi l’aurait répété à un responsable azerbaïdjanais en octobre 2023, en soulignant que le corridor voulu par Bakou est “résolument désapprouvé par l’Iran ”. Le guide suprême de la République islamique l’Ayatollah Ali Khamenei l’avait de la même manière fait clairement comprendre au président turc Recep Tayyip Erdogan lorsqu’il avait rencontré ce dernier à Téhéran en 2022. Erdogan s’était plaint de la position de l’Iran sur la question après une énième visite qu’il effectuait à Bakou l’année suivante. Il affirmait que contrairement à Téhéran, Erevan ne serait pas opposé à l’idée d’un “corridor du Zanguezour ”, alors même que le gouvernement arménien a en de maintes occasions, rejeté les exigences de Bakou et Ankara à ce propos. Face aux résistances rencontrées dans ce projet, Bakou avait semblé reculer. Ainsi, un haut responsable azéri, Hikmet Hajiyev, déclarait en octobre, soit peu après la reconquête par Bakou du Karabagh arménien, que le corridor “a perdu son attractivité pour nous ” et que Bakou prévoit désormais de “réaliser cela plutôt avec l’Iran ”. Mais si un accord semblait avoir été trouvé entre Bakou et Téhéran concernant un corridor alternatif reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan via le nord de l’Iran, une province majoritairement azérophone, ce responsable azéri faisait machine arrière dans une interview publiée la semaine dernière. Hajiyev avait indiqué que la construction prévue d’une nouvelle route et d’une voie ferrée reliant l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan via l’Iran ne signifiait pas que l’Azerbaïdjan avait abandonné l’idée d’un “ corridor du Zanguezour ”. Hajiyev avait dans le même temps confirmé que Bakou entendait s’assurer que les biens et les personnes circulant entre le Nakhitchevan et l’Azerbaïdjan ne seraient pas soumis au contrôle des garde frontières et douaniers arméniens, en prétendant que cela ne constituerait pas une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Arménie, qui s’oppose justement à cette idée au nom de sa souveraineté territoriale menacée. La Russie, de son côté, qui a tout intérêt à voir fonctionner ce corridor qui lui ouvrirait d’autres débouchés alors qu’elle est soumise aux sanctions occidentales pour cause de guerre en Ukraine, a régulièrement fait savoir de son côté que les garde-frontières russes seraient en charge du contrôle des véhicules sur cet axe en vertu d’un accord tripartite russo-arméno-azéri, mais ni la partie arménienne, ni la partie azérie, ne semblent l’entendre.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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