Les députés de l’opposition ne figuraient pas, pour différentes raisons, parmi une délégation parlementaire arménienne qui entamait ce week end une visite de travail aux Etats-Unis. La délégation, dirigée par le président du Parlement arménien Alen Simonian devait notamment rencontrer à Washington la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, et d’autres membres du Congrès américain. C’est A.Simonian lui-même qui avait décidé la composition de sa délégation. Il n’y avait inclus aucun député de la principale formation d’opposition, l’alliance Hayastan et n’avait pas pris la peine de lui demander de proposer un représentant pour l’accompagner à Washington. Hayastan, qui est la deuxième formation de l’Assemblée nationale arménienne dominée par le parti Contrat civil de Pachinian, avait certes fait savoir en décembre qu’elle ne se ferait pas représenter dans les délégations parlementaires arméniennes effectuant des visites à l’étranger tant que les autorités arméniennes n’auront pas levé l’interdit de voyager imposé à 12 de ses 29 députés siégeant à l’Assemblée. Ces interdits s’appuient sur des chefs d’accusation divers dont l’alliance d’opposition, dirigée par l’ex-président Robert Kotcharian, estime qu’ils sont tous politiquement motivés et infondés. La délégation d’A.Simonian devait comprendre une figure de proue de l’opposition parlementaire, Artur Vanetsian, un leader de l’autre alliance d’opposition, Pativ Unem, ralliée à l’ex-président Serge Sarkissian et représentée au Parlement arménien. Mais Vanetsian, qui était un proche allié de Pachinian qui l’avait nommé à la tête du Service de Sécurité nationale avant de l’en limoger à l’automne 2019, a décliné l’offre à la dernière minute. Expliquant cette décision, un porte-parole de Pativ Unem, Sos Hakobian, avait indiqué que quelques heures avant le départ de la délégation à Washington, Vanetsian avait été informé qu’il n’aurait pas été autorisé à assister à la rencontre de Simonian avec Mme Pelosi. Il est vrai que lors de cet entretien, le président du Parlement arménien ne sera accompagné que de Hayk Konjorian, un député en vue de la majorité pro-gouvernementale, et de Lilit Makunts, l’ambassadrice d’Arménie aux Etats-Unis. Celle-ci est aussi une proche alliée politique de Pachinian, et sa nomination l’an dernier avait d’ailleurs suscité une volée de critiques de la part de l’opposition, qui mettait l’accent sur son manque d’expérience diplomatique. Hakobian a confié au Service arménien de RFE/RL que la mise à l’écart « antidémocratique » de Vanetsian de la rencontre avec Pelosi « privait de sens » la participation du représentant de l’opposition à cette visite parlementaire. “Tous les autres événements et rencontres [à Washington] seront essentiellement protocolaires”, a ajouté le porte-parole du parti d’opposition. Une porte-parole de Simonian a rejeté de telles critiques lundi 17 janvier, en précisant que Pelosi avait prévu de rencontrer son homologue arménien, et non l’ensemble de sa délégation. “Et le président de l’Assemblée nationale lui-même décide la composition de la délégation”, a rappelé la porte-parole du président du Parlement arménien.
