L’opposition arménienne juge « hâtif et prématuré » le processus annoncé de démarcation et de délimitation des frontières

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A l’approche du nouveau sommet Aliev-Pachinian, le 26 novembre, sous l’égide de Poutine, dont l’ordre du jour devrait être la démarcation des frontières contestées et en proie aux tensions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, l’opposition parlementaire arménienne a mis en garde contre un tel processus, qu’elle juge « hâtif et prématuré ». S’exprimant lors d’une séance parlementaire dédiée à cette question à l’initiative du groupe d’opposition Hayastan, le chef du groupe parlementaire, Seyran Ohanian, a souligné que le contexte ne se prêtait pas actuellement au lancement de ce processus. La formation d’opposition, deuxième force du Parlement, avait initié le débat après que le premier ministre Nikol Pachinian eut annoncé la semaine dernière que l’Arménie avait accepté les nouvelles propositions de la Russie relatives à un “stage préparatoire” pour la délimitation et la démarcation de ses frontières datant de l’ère soviétique avec l’Azerbaïdjan. L’annonce avait été faite deux jours après d’intenses combats opposant les forces de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan dans les zones frontalières du sud de l’Arménie ; ces incidents armés, les plus violents depuis l’accord de cessez-le-feu conclu le 9 novembre 2020, avaient fait au moins sept tués dans les rangs azéris, et six dans l’armée arménienne, qui fait par ailleurs état de la capture d’une vingtaine de ses soldats. Une fois encore, chacune des parties a rejeté sur l’autre la responsabilité de cette escalade, dont les origines se trouvent pourtant dans l’occupation depuis mai par l’Azerbaïdjan d’un territoire de 41 km² au sud de l’Arménie. Une version rejetée par Bakou, qui inscrit cette opération dans la foulée de sa victoire militaire de l’automne dernier qui lui a permis de reprendre les territoires au sud-ouest du Karabagh et donc de prendre position sur le tracé de l’ancienne frontière séparant les ex-Républiques soviétiques. Selon Bakou, la zone que Erevan estime occupée depuis mai par les forces azéries serait un territoire de l’Azerbaïdjan, qui en veut pour preuve d’anciennes cartes soviétiques. Dans ses propos dans l’hémicycle, où les députés de la majorité brillaient par leur absence, S. Ohanian a affirmé que la “démarcation” des frontières a été effectuée par des incidents tels que le dernier en date, au prix de vies humaines. “De fait, la démarcation est à l’œuvre de manière unilatérale. Elle est réalisée au prix du sang des soldats arméniens”, a déclaré le leader du groupe Hayastan, qui avait été ministre de la défense sous le mandat de l’ancien président Serge Sarkissian. S’exprimant lors d’un débat boycotté par les députés de la majorité, il a souligné qu’“aucun des représentants du pouvoir au plus haut niveau n’a donné d’explication sur les causes de cette guerre d’un jour, sur ce qui l’a précédé et sur ce qui s’en est ensuivi. Le fait est que nous déplorons des pertes et des soldats capturés par l’Azerbaïdjan, et que l’Azerbaïdjan a pénétré sur le territoire souverain de l’Arménie. Ainsi, une démarcation de la frontière a bien eu lieu, au prix du sang », a poursuivi le responsable de l’opposition, en désignant les pourparlers prévus sur la démarcation de la frontière comme un piège ‘turco-azerbaïdjanais’ tendu à Erevan et a accusé le gouvernement arménien de s’engager sur un tel processus. Il a aussi déclaré qu’en cédant des hauteurs stratégiques, des routes et des lignes frontalières l’actuel gouvernement arménien “ a réduit à néant le potentiel sécuritaire du pays”. Nikol Pachinian doit se rendre le vendredi 26 novembre dans la station balnéaire russe de Sotchi, sur le littoral de la Mer noire, pour y engager des pourparlers avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev à l’invitation et sous l’égide du président russe Vladimir Poutine. La question de la délimitation et de la démarcation des frontières devrait être inscrite en bonne place à l’ordre du jour de ces discussions, les premières en direct entre les deux dirigeants depuis le sommet du 11 janvier à Moscou. L’opposition arménienne craint que le nouveau sommet trilatéral puisse donner lieu à la signature d’un accord relatif au tracé des frontières qui ne soit guère favorable à l’ Arménie. Lors d’une visioconférence de presse mardi, N.Pachinian avait toutefois souligné que si quelque document devait être signé lors des rencontres à venir, il ne porterait que sur la mise en place d’une commission chargée de la question de délimitation et de la démarcation et ne présumerait pas de l’issue du processus lui-même. Des assurances qui ne sont pas jugées suffisantes par l’opposition, N.Pachinian, qui doit rencontrer I.Aliev à la mi-décembre à Bruxelles, en marge d’un sommet européen, s’étant engagé par le passé à consulter le peuple arménien avant toute décision relative au Karabagh, ce qui ne l’avait pas empêché de conclure un accord de cessez-le-feu avec I.Aliev en novembre 2020, sans concertation avec les principaux acteurs politiques arméniens. Dans sa déclaration publique, N. Pachinian avait aussi reconnu l’ampleur des défis sécuritaires auxquels fait face l’Arménie. Evoquant le processus en cours autour du Karabagh et de l’Arménie, N. Pachinian a indiqué à maintes reprises que “nous avançons en terrain miné et devons être très prudents”. Certains représentants des partis extra-parlementaires qui participaient au débat parlementaire ont même suggéré qu’ils pourraient rester dans l’enceinte du Parlement jusqu’au retour de N. Pachinian de Sotchi, pour le contraindre à leur faire connaître la teneur des discussions. Le vice-président du Parlement Ishkhan Saghatelian, qui représente le groupe Hayastan, a indiqué pour sa part que l’opposition s’était engagée à poursuivre son combat au Parlement et dans la rue. Il a ajouté que pour l’heure, elle pressait le gouvernement “de s’abstenir de toutes négociations, de tout engagement écrit ou oral, qui pourraient violer les termes de la Constitution de la République d’Arménie et la volonté collective du peuple arménien exprimés dans la Déclaration d’Indépendance [de 1990].

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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