L’opposition arménienne renoue avec la rue

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L’opposition arménienne avait marqué une pause un peu plus d’un mois après les manifestation quotidiennes lancées le 1er mai en vue de renverser le gouvernement de Nikol Pachinian, annonçant, faute d’avoir atteint ses objectifs, vouloir en ralentir le rythme pour finalement donner rendez-vous à la rentrée de septembre. Les images impressionnantes de la foule rassemblée le dimanche 30 octobre sur la grande place de Stepanakert où 33% des habitants du Haut Karabagh derrière leurs dirigeants, disaient leur refus d’un plan de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui tendrait à restaurer le contrôle de Bakou sur le territoire arménien, et scandant que le Haut Karabagh ne fera jamais partie de l’Azerbaïdjan, ont sans aucun doute eu un effet stimulant sur cette opposition arménienne qui semblait tétanisée, et peinait à se regrouper alors que se dessinent les contours d’un traité de paix arméno-azéri qui exigerait de la partie arménienne plus de concessions encore. Les principales formations de l’opposition en Arménie ont ainsi donné rendez-vous samedi prochain à leurs partisans à Erevan, pour la première fois depuis deux mois, l’objectif étant cette fois non d’évincer Pachinian mais de l’empêcher de faire trop de concessions à l’Azerbaïdjan, comme ils affirmaient au moins y être parvenus au terme de leur dernière campagne de protestation. L’un de leurs leaders, Ishkhan Saghatelian, a indiqué que la manifestation avait pour objectif de démontrer que le gouvernement de Pachinian “n’exprime par la volonté du peuple arménien” et n’a pas de mandat pour signer les accords trop conciliants relatifs au Haut-Karabagh. Il l’a une nouvelle fois accusé de vouloir aider Bakou à reprendre le plein contrôle du Karabagh. “La majorité écrasante de notre peuple est contre le fait que l’Artsakh fasse partie de l’Azerbaïdjan”, a déclaré Saghatelian lors d’une conférence de presse. Les alliances d’opposition Hayastan et Pativ Unem avaient commencé leur campagne de manifestation quotidiennes à Erevan le 1er mai, après que Pachinian eut annoncé sa disposition à reconnaître l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et à “rabaisser la barre” sur la question du statut du Karabagh sous une forme acceptable pour la partie arménienne. La campagne n’a duré que six semaines et Pachinian renforçait son pouvoir, ce qui fit dire alors à Saghatelian qu’il fallait “changer la structure et la tactique de notre mouvement de résistance”. Pachinian et ses alliés politiques de leur côté, tout en se faisant de garder le pouvoir, faisaient valoir que l’opposition n’avait pu obtenir le soutien du peuple pour le changement de régime auquel elle aspire. Les leaders de l’opposition ont annoncé d’autres changements de tactiques dans leur dernière manifestation le 2 septembre, mais ils n’ont plus organisé de rassemblements massifs depuis. Saghatelian a déclaré lundi que l’opposition avait été inspirée par le rassemblement massif dont Stepanakert avait été le théâtre dimanche, contre le retour de l’autorité azerbaïdjanaise au Karabagh. Ses organisateurs et participants ont ainsi envoyé un “ message clair” à l’Arménie, a souligné le responsable de l’opposition, un message qui intervenait qui plus est à la veille de la rencontre prévue à Sotchi de Pachinian et Aliev sous l’égide de Poutine, qui tente de reprendre l’initiative dans un processus de paix dont les Occidentaux ont pris le contrôle depuis qu’il a déclenché la guerre en Ukraine. Les autorités du Karabagh, et aussi la population, ont dit à plusieurs reprises que la « variante russe » d’un traité de paix arméno-azéri était préférable pour le Karabagh aux versions occidentales de ce plan que semble cautionner Pachinian, même s’il vient de faire savoir qu’il était ouvert aux deux plans. A l’approche du sommet de Sotchi, Poutine, vivement critiqué par l’Arménie pour son manque de soutien lors des attaques azéries des 13-14 septembre, s’est montré plus à l’écoute des Arméniens, laissant entendre que son plan de paix, contrairement à celui des Occidentaux, prenait en compte le sort du Karabagh, tout en envisageant quelque intervention moins timide de l’alliance militaire dirigée par la Russie, l’OTSC, en faveur de l’Arménie, mais en des termes plutôt vagues. L’opposition arménienne, tout comme le Karabagh, a accordé sa préférence à la « variante » russe, du moins d’après ce que l’on en sait. » La balle est maintenant dans le camp de l’Arménie”, a déclaré le tribun de l’opposition. Les leaders arméniens du Karabagh avaient une fois encore mis en garde dimanche le gouvernement arménien contre une reconnaissance de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan au détour d’un traité de paix bilatéral discuté par Erevan et Bakou ces dernières semaines. Ils avaient auparavant exprimé leur soutien aux propositions de paix russes qui seraient selon eux bien plus avantageuses pour la partie arménienne que celles de l’Occident. Pachinian avait souligné ce weekend qu’il avait approuvé les termes du plan russe début septembre et qu’il était prêt à signer un accord sur cette base avec l’Azerbaïdjan. Saghatelian a remis en cause de telles assurances, estimant que Pachinian faisait usage de “sa dextérité provinciale” pour induire en erreur l’opinion arménienne comme les puissances étrangères. “Ses déclarations en faveur des propositions russes n’auront aucune valeur tant qu’il n’aura pas clairement annoncé son rejet de l’autre variante [de l’accord de paix avec l’Azerbaïdjan]”, a conclu l’opposant.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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