Un mois après le lancement de sa « campagne de désobéissance civile », le 1er mai dernier, l’opposition arménienne n’entend pas baisser les bras, même si elle est loin d’avoir atteint son objectif annoncé, qui est de contraindre le premier ministre arménien Nikol Pachinian à démissionner. Ce dernier traite avec une certaine condescendance, sinon mépris, les milliers d’opposants qui se rassemblent quotidiennement à Erevan, à l’appel des deux formations de l’opposition parlementaire, les alliances Haiastan et Badiv Ounem, et d’autres groupes d’une opposition dont il affirme qu’elle n’a pas été en mesure de susciter un réel élan populaire avec cette campagne de protestation qui aurait pour seul effet de troubler l’ordre public et de gêner dans leur vie quotidienne la majorité des Arméniens, censés soutenir le gouvernement. Mais pour l’opposition, cette campagne, dont la manifestation du 28 mai, coïncidant avec l’anniversaire de la création de la 1ère République indépendante d’Arménie, en 1918, a été l’un des temps forts, en rassemblant une foule impressionnante dans le centre de Erevan, doit se poursuivre jusqu’à ce qu’elle obtienne gain de cause, à savoir le départ d’un gouvernement suspecté de pactiser avec l’Azerbaïdjan en vue d’une paix sur l’autel de laquelle seraient sacrifiés les Arméniens du Karabagh. Ichkhan Saghatelian, le principal orateur dans ces manifestations anti-gouvernementales, a souligné ainsi jeudi 2 juin qu’il n’était pas question pour l’opposition de suspendre son mouvement de révolte alors même qu’il prend de l’ampleur, a-t-il précisé. Centre nerveux du mouvement, le campement de tentes aménagé sur une place centrale de Erevan le 1er mai, draine depuis il est vrai un nombre croissant de manifestants qui tous les jours ou presque, se réunissent derrière des mots d’ordre appelant à la démission de Pachinian, accusé de vouloir renoncer au Karabagh arménien pour en donner le contrôle à l’ Azerbaïdjan, entre autres concessions qui mettraient en péril l’existence même de l’Arménie. Pachinian et ses alliés politiques ont adressé une fin de non recevoir aux demandes de l’opposition et sont bien décidés à conserver un pouvoir auquel ils ont été reconduits à la faveur des législatives anticipées du 20 juin 2021. Forts de la légitimité des urnes, ils affirment que l’opposition a échoué à obtenir celle de la rue et n’a pas été en mesure de rallier le peuple à sa campagne de “désobéissance civile”. “La principale question qui préoccupe nos concitoyens est de savoir comment nous allons parvenir à,un changement de régime”, a indiqué Saghatelian en s’adressant aux journalistes. “Il n’y a qu’un seul moyen pour y parvenir … Ces actions de désobéissance, ces protestations doivent prendre une telle ampleur qu’il sera impossible pour les autorités actuelles de s’accrocher au pouvoir par l’usage de la force brutale de la police”, a ajouté le responsable de l’opposition, qui est aussi le vice-président du Parlement arménien. “Le moment est venu d’augmenter le nombre de nos tentes”, a-t-il indiqué en ajoutant : “Une vive désillusion attend tous ceux qui ont préparé des textes de circonstance au cas où le mouvement échouerait”. Dans le cadre de leur campagne, les alliances d’opposition Hayastan et Pativ Unem avaient préparé la semaine dernière une résolution parlementaire sur le rejet de tout accord de paix qui viserait à restaurer le contrôle de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabagh. La majorité pro-gouvernementale du Parlement arménien avait clairement fait savoir qu’elle boycotterait un tel projet, torpillant ainsi le débat d’urgence sur cette résolution prévu pour vendredi après-midi. La majorité parlementaire dominée par le parti Contrat civil de Pachinian a accusé l’opposition d’exploiter le conflit du Karabagh à des fins politiques. Saghatelian a indiqué quant à lui qu’il comptait avec d’autres députés de l’opposition se rendre vendredi à l’Assemblée nationale dont l’opposition boycotte depuis un mois les séances, en dépit du boycott annoncé par les députés de la majorité. Dans un message posté sur Facebook, Saghatelian a appelé les partisans de l’opposition à se rassembler en nombre sur la place de France à Erevan, où elle a planté ses tentes, pour lui apporter leur soutien lors de la séance parlementaire. Il a ajouté que les leaders du mouvement “décideront des prochaines actions en fonction de ce qui se passera dans le Parlement”. “Chers compatriotes, c’est la guerre des nerfs”, a écrit notamment l’opposant en précisant : “Nous devons plus que jamais nous montrer fermes et poursuivre le processus visant à en finir avec ces autorités”.
L’opposition arménienne reste déterminée à poursuivre sa campagne de protestation
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