Les groupes d’opposition qui tentent de renverser le gouvernement ont dénoncé mercredi 18 mai les propos de l’ambassadrice des États-Unis à Erevan qui a apparemment vanté les résultats des élections législatives de l’année dernière, remportées par le parti du Premier ministre Nikol Pashinian.
Dans une interview accordée à l’agence de presse publique Armenpress, l’ambassadrice Lynne Tracy a exprimé son soutien au « programme de réformes démocratiques et économiques » du gouvernement, alors que les principales forces d’opposition du pays continuent de manifester quotidiennement.
« Nous sommes déterminés à continuer d’aider le peuple arménien à construire un avenir fondé sur des valeurs démocratiques communes, une voie qu’il a choisie en 2018 et à laquelle il s’est à nouveau engagé lors des élections législatives de 2021 », a déclaré Mme Tracy.
Ishkhan Saghatelian, un leader de l’opposition et le principal orateur des manifestations depuis plus de deux semaines, a critiqué ces affirmations lorsqu’il s’est adressé à des milliers de partisans rassemblés sur la place de France à Erevan. Il a déclaré que les électeurs n’ont pas donné à M. Pashinian un mandat pour « céder » le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan.
« Si certains milieux pensent que le peuple arménien répondra à leurs intérêts, ils se trompent profondément », a déclaré Saghatelian à la foule. « Le peuple arménien se tient sur cette place pour empêcher cela. Il ne s’agit pas d’une lutte pour le pouvoir. C’est un combat pour la souveraineté de l’Arménie. Et que personne n’oppose démocratie et sécurité. »
Saghatelian a ensuite accusé les États-Unis et d’autres puissances occidentales de fermer les yeux sur ce que l’on appelle les pressions exercées par les autorités arméniennes sur le système judiciaire, l’existence de « dizaines de prisonniers politiques » et d’autres violations des droits de l’homme.
« Par votre silence, vous contribuez à la dictature en Arménie », a-t-il accusé avant que les manifestants ne défilent à nouveau dans le centre-ville pour demander la démission de M. Pashinian.
M. Saghatelian a également souligné que pour l’opposition arménienne, la Russie est un « allié stratégique » tandis que les États-Unis et l’Union européenne ne sont que des « partenaires importants » de l’Arménie.
Réagissant aux manifestations de la semaine dernière, le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a exhorté les autorités à « faire preuve de retenue ». Il a déclaré au même moment que les manifestants devaient « s’abstenir de toute violence et respecter l’État de droit et la démocratie arménienne. »
Les manifestations pacifiques ont été déclenchées par les déclarations de M. Pashinian sur le conflit du Haut-Karabakh faites après ses entretiens du 6 avril avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev.
S’adressant au Parlement le 13 avril, le Premier ministre a déclaré que la communauté internationale faisait pression sur l’Arménie pour qu’elle revienne sur ses exigences concernant le statut du Karabakh et reconnaisse l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan. Il a signalé l’intention d’Erevan de faire de telles concessions à Bakou.
Les États-Unis et l’Union européenne ont salué le discours de M. Pashinian. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a salué son « courage et sa flexibilité ».
M. Pashinian et ses alliés politiques ont rejeté les demandes de démission de l’opposition. Ils affirment avoir remporté, lors des élections de juin 2021, un mandat populaire leur permettant de continuer à gouverner l’Arménie.
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