L’Arménie, une ex-république soviétique pauvre et isolée à la frontière avec la Turquie, a voté samedi pour élire son Parlement lors d’un scrutin contesté par l’opposition et sous haute surveillance internationale, qui devrait reconduire le pouvoir en place.
Dès la fermeture dès bureaux de vote à à 15H00 GMT (11H00 heure de Montréal), l’opposition a dénoncé des «violations massives» dans ce scrutin considéré comme un test pour la démocratie et surveillé par 300 observateurs de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE).
«Certains partis pro-gouvernementaux ont donné des pots-de-vins allant de 4.000 à 20.000 drams (8-41 euros) juste en face des bureaux de vote», a accusé Tigran Mkrtchan, porte-parole du principal parti d’opposition Pays de la Loi.
«C’est le pire des scrutins», a-t-il ajouté craignant «des fraudes grossières».
Si les sondages montrent un électorat avide de réformes radicales, ils prédisent aussi une victoire des deux partis pro-gouvernementaux, le Parti républicain et Arménie prospère fondé en 2006 par le millionnaire et ancien champion de bras de fer Gaguik Tsaroukian.
«J’ai voté pour le Parti républicain parce qu’il a un leader fort et que notre pays a besoin d’une poigne de fer», a déclaré Samvel Isabekian, 23 ans, à la sortie d’un bureau à Erevan en référence au premier ministre et ancien ministre de la Défense Serge Sarkissian.
Après avoir mis son bulletin dans l’urne, le président Robert Kotcharian a déclaré avoir «voté pour le futur de l’Arménie et la continuation des réformes».
«J’espère qu’une réelle opposition sera présente au Parlement, pas une opposition qui représente les intérêts d’États étrangers», a-t-il ajouté, les partis d’opposition étant régulièrement accusés, tout comme en Russie, d’agir pour le compte de gouvernements occidentaux.
«Je veux que cette élection soit la meilleure pour notre peuple et pour les observateurs depuis l’indépendance de l’Arménie» en 1991, a pour sa part déclaré Serge Sarkissian.
Ce dernier est pressenti pour succéder à M. Kotcharian qui termine son deuxième et dernier mandat en 2008.
Artur Bagdasarian, leader du parti d’opposition Pays de la Loi, a dit craindre des violations lors du décompte des bulletins.
«Nous serons bien représentés au Parlement si les élections sont libres et équitables», a-t-il dit.
Les États-Unis et l’Union européenne, grands pourvoyeurs d’aide à Erevan avec la diaspora arménienne, ont averti qu’une élection falsifiée aurait des conséquences négatives dans ce domaine.
Une suspension de l’aide étrangère serait lourde de conséquences dans un pays sans ressources naturelles où 30% de la population vit avec moins de deux dollars (1,50 euro) par jour.
L’Arménie, étroitement liée au plan diplomatique et économique à la Russie, reste par ailleurs très isolée. Ses frontières sont fermées avec l’Azerbaïdjan depuis la guerre meurtrière entre les deux pays en 1988-94 pour le contrôle du Nagorny Karabakh ainsi qu’avec la Turquie.
Quelque 2,3 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Le taux de participation atteignait 45,8% trois heures avant la fermeture des bureaux de vote, selon la Commission électorale centrale.
Les premiers résultats doivent être connus dimanche à 09H00 GMT (5H00 heure de Montréal).
Face aux partis pro-gouvernementaux, l’opposition se présente en ordre dispersé. Au total, plus de 20 partis et 1000 candidats étaient en lice pour les 131 sièges de l’Assemblée nationale.
L’opposition a manifesté dimanche pour se plaindre des fraudes.