L’OTSC affirme être toujours engagée dans la défense des frontières arméniennes

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En réponse aux récentes déclarations du premier ministre arménien Nikol Pachinian, qui avait clairement évoqué l’éventualité d’un retrait de l’Arménie de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), cette alliance militaire dirigée par la Russie a fait savoir lundi 1er avril qu’elle était toujours engagée dans la défense des frontières de l’Etat arménien membre, telles que reconnues par ses voisins, une précision qui n’est toutefois pas anodine, l’Azerbaïdjan ne reconnaissant pas actuellement les frontières de l’Arménie, qui font l’objet d’un laborieux processus de délimitation entre les deux Etats ennemis du Sud Caucase depuis la défaite arménienne dans la guerre du Karabagh de l’automne 2020 qui en a redessiné le tracé. Pachinian a à plusieurs reprises appelé la Russie et ses autres alliés de l’OTSC à clarifier leur “zone de responsabilité” en Arménie tout en les accusant de ne pas respecter leurs engagements les liant à Erevan en termes de sécurité. Le 12 mars encore, il le soulignait dans une conférence de presse. « Si l’OTSC répond à ces questions et si ses réponses répondent à nos attentes, cela signifierait que les problèmes entre l’Arménie et l’OTSC ont été réglés”, avait notamment déclaré le leader arménien en ajoutant : “Sinon, l’Arménie quittera l’OTSC. Quand ? Je ne saurai le dire ”. “Le concept de zone de responsabilité est assez complexe et il vise plus à attirer l’attention sur la situation dans la République plutôt qu’à susciter une réponse substantielle ”, aurait indiqué à ce propos un représentant non nommé de l’OTSC cité par l’agence de presse russe RBK en précisant : “Parce qu’en vertu de l’accord de 2010 sur les principes de l’interaction, qui a été ratifié par l’OTSC, la zone de responsabilité est le territoire souverain des Etats membres ”. “La zone de responsabilité s’arrête à la frontière de l’Etat qui est définie sur une base bilatérale entre l’Arménie et ses voisins”, a ajouté le responsable de l’OTSC. L’Arménie avait officiellement appelé les autres Etats membres de l’OTSC à la soutenir après l’offensive militaire lancée par l’Azerbaïdjan le long de la frontière arméno-azérie en septembre 2022. Depuis, elle l’accuse d’avoir ignoré cet appel, tout en déclinant les offres d’une “assistance militaro-technique ” et d’un déploiement d’une mission d’observation à la frontière présentées par l’OTSC, auquel elle a préféré une mission européenne le long de sa frontière avec l’Azerbaïdjan. L’an dernier, Erevan a marqué sa réprobation en boycottant les rencontres au plus haut niveau, les exercices militaires et autres activités de l’OTSC, au sein de laquelle Pachinian a fait savoir sans ambiguïté en février que l’Arménie avait gelé son statut de membre. Le premier ministre arménien est allé jusqu’à affirmer que l’alliance militaire composée de six ex-Républiques soviétiques était devenue une menace pour la sécurité de son pays. Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a une fois encore fait valoir la semaine dernière que l’OTSC n’avait pas ignoré les appels de Erevan, en mettant en garde, si Erevan s’en retirait, contre une “rupture” irréversible des relations entre l’Arménie et son allié historique russe, qu’il a accusé l’Occident de vouloir provoquer. Alors qu’approche la date du 5 avril, à laquelle Pachinian doit rencontrer ses nouveaux partenaires voire futurs alliés américains et européens lors d’un sommet censé se concentrer sur la situation en Arménie, Lavrov est allé plus loin encore. Dans une interview accordée au quotidien russe Izvestia, le chef de la diplomatie russe a inscrit le retrait annoncé de l’Arménie de l’OTSC et aussi de l’Union économique eurasienne dans le cadre d’un plan prémédité par la fondation Soros honnie par le Kremlin et dont Pachinian aurait été l’exécutant avant même d’accéder au pouvoir en mai 2018 à la faveur de la révolution de velours. Celle-ci aurait donné le coup d’envoi d’une politique visant à éloigner l’Arménie de la Russie et à la rapprocher de l’Occident, politique accélérée par la guerre du Karabagh, à laquelle le président russe Vladimir Poutine se serait efforcé de mettre un terme, en offrant à la partie arménienne l’issue la plus honorable possible. Une solution que Pachinian aurait sacrifiée, en annonçant sous la pression de l’Occident, au détour d’un sommet avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à Prague en octobre 2022 sous l’égide de l’Union européenne, que le Karabagh fait partie de l’Azerbaïdjan, affirmait Lavrov dans cette interview. Par ailleurs, vendredi 29 mars, un représentant non identifié du ministère russe des affaires étrangères, cité par l’agence de presse russe officielle TASS aurait déclaré que les soldats et gardes-frontières russes stationnés en Arménie sont la « seule réelle garantie » de la souveraineté du pays. “Les affirmations selon lesquelles leur retrait pourrait de quelque façon renforcer le potentiel militaire de la République relèvent d’une dangereuse démagogie”, aurait indiqué le diplomate russe en ajoutant : “S’il pousse [l’Arménie] à remettre en cause le système de sécurité existant actuellement, l’Occident n’offre rien de concret en retour ”. Le diplomate réagissait à un rapport publié la semaine dernière par le réseau Friends of Armenia Network (Les Amis de l’Arménie), un groupe d’anciens et actuels responsables européens constitué en septembre 2023 par l’ancien secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen. Dans le contexte de tension extrême entre la Russie et l’Occident exacerbée par la guerre en Ukraine, le rapport dénonçait sans ambiguïté la présence militaire persistante de la Russie en Arménie, en mettant l’accent sur le fait que les gardes-frontières russes déployés pour la plupart le long des frontières que partage le pays du Sud Caucase avec la Turquie et l’Iran seraient un facteur “majeur de vulnérabilité pour l’Arménie et une limitation de sa souveraineté ”. Un argumentaire que les autorités de l’Arménie semblent déjà avoir intégré à leur nouvelle doctrine stratégique qui les détourne de la Russie au profit de l’Occident, puisqu’elles viennent de décider le retrait des gardes-frontières russes de l’aéroport international Zvartnots de Erevan et envisagent avec une insistance accrue le retrait des gardes-frontières russes des frontières dites « internationales » de l’Arménie avec la Turquie et l’Iran, la longue frontière avec l’Azerbaïdjan, héritée de l’espace commun soviétique, ayant été confiée depuis deux ans à une mission d’observation civile de l’Union européenne, si ce n’est pour sa défense, en tout cas pour sa surveillance. Les autorités arméniennes se félicitaient encore ce weekend de son efficacité, en soulignant qu’elle avait permis de démentir les informations propagées par l’Azerbaïdjan, selon lesquelles il y aurait des mouvements de troupes du côté arménien de la frontière. Pour Erevan, les démentis opposés par la mission européenne, que Bakou ne cesse par ailleurs de critiquer, comme Moscou, confirmeraient le caractère dissuasif d’une présence qui, pour être civile, n’en est pas moins efficace pour déjouer la rhétorique et propagande belliqueuse des autorités azéries, qui cherchent et créent le moindre prétexte pour passer à l’offensive contre l’Arménie. Le rapport des Amis de l’Arménie recommandait à l’Arménie de quitter l’Union économique eurasienne pour l’Union européenne, qui lui avait entrouvert ses portes le 12 mars, en dépit de son extrême dépendance aux ressources énergétiques de la Russie, qui reste son premier partenaire commercial et le garant de sa forte croissance ces deux dernières années. Le ministère russe des affaires étrangères n’avait d’ailleurs pas tardé à souligner les conséquences désastreuses pour l’économie arménienne, d’un tel scénario. Si Pachinian, après l’invitation du Parlement européen, a inscrit le 14 mars la question de la candidature de l’Arménie à l’UE à l’agenda du Parlement arménien, l’éventualité d’une adhésion à l’Otan est loin d’être à l’ordre du jour de Erevan, même si l’UE en est l’antichambre selon le Kremlin. Le ministre arménien des affaires étrangères Ararat Mirzoyan l’a souligné lors d’une visite officielle en Argentine ce weekend, tout en rappelant que l’Arménie entendait développer ses relations avec l’Alliance atlantique, avec laquelle elle a une longue tradition de coopération, en Afghanistan ou au Kosovo ou dans le cadre d’exercices ou de formations militaires.

Garo Ulubeyan
Author: Garo Ulubeyan

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