L’Ouzbékistan a libéré son dernier prisonnier politique emprisonné depuis l’époque de l’URSS, Akhmadjon Adylov, un ancien haut responsable soviétique âgé de 83 ans et qui aura passé l’essentiel des 24 dernières années en détention, a annoncé vendredi sa famille.
« Il a été libéré (mercredi) il est à la maison et il y a beaucoup de monde qui vient le voir, on est tellement heureux », a indiqué par téléphone à l’AFP Moumindjon Adylov, le frère d’Akhmadjon, depuis Gouroumsaraï leur ville natale dans l’est de l’Ouzbékistan.
M. Adylov, au moment de son arrestation en 1984 était à la tête d’un vaste complexe agro-industriel, membre du Soviet Suprême, la principale instance exécutive de l’URSS, et « héros du travail socialiste ».
Accusé d' »abus de pouvoir », de « vol de biens d’Etat » et de « coups et blessures volontaires », il est en prison depuis presque sept ans lorsque son procès s’ouvre à Moscou en 1991.
Mais le tribunal, alors que l’URSS vit ses derniers mois, réclame un supplément d’enquête. Le président de l’Ouzbékistan soviétique, et actuel chef de l’Etat Islam Karimov, demande alors que l’affaire soit transmise à la justice ouzbèke.
M. Adylov est libéré en décembre 1991 et réhabilité par décret en Ouzbékistan deux mois plus tard. Très populaire dans ce pays fraîchement indépendant malgré la crainte qu’il inspirait à la population, il exprime alors ses ambitions politiques.
Il est arrêté en juin 1993 après tout juste 18 mois de liberté, et condamné dans la foulée, notamment pour les faits qui lui étaient reprochés en 1984. M. Adylov ne connaîtra plus la liberté jusqu’au 4 juin 2008.
Cette libération est la huitième d’un prisonnier politique depuis le début de l’année, la dernière annonce en date remonte au 2 juin.
L’Ouzbékistan entretient des relations tendues avec l’Occident depuis la répression sanglante d’Andjian (est) en mai 2005, qui a fait des centaines de morts selon les ONG.
Mais depuis le début de l’année, les liens semblent se détendre, alors que les libérations de dissidents se multiplient au rythme des visites de responsables américains et européens.