Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell a condamné la loi adoptée mardi par les députés géorgiens sur les « agents de l’étranger », la jugeant « incompatible » avec les valeurs de l’UE et l’objectif de rejoindre le bloc européen.
« Cette loi est incompatible avec les valeurs et les normes de l’UE. Elle va à l’encontre de l’objectif déclaré de la Géorgie d’adhérer à l’Union européenne, soutenu par une grande majorité de citoyens géorgiens. Son adoption définitive pourrait avoir de graves répercussions sur nos relations », a estimé M. Borrell dans un communiqué mardi soir.
La loi, qui a poussé des milliers de Géorgiens à descendre dans la rue pour protester, prévoit que les organisations qui reçoivent plus de 20% de leur financement de l’étranger devraient s’enregistrer en tant qu' »agents de l’étranger », sous peine d’amendes. Ce texte, voté en première lecture au Parlement, rappelle une loi similaire adoptée en Russie en 2012 et que le Kremlin utilise pour réprimer les médias et les organisations d’opposition ou les simples voix critiques, considérés
comme des « agents étrangers ».
La Géorgie, petite ex-république soviétique du Caucase, ambitionne de rejoindre l’UE et l’Otan, mais plusieurs mesures du gouvernement ont récemment jeté une ombre sur ces aspirations et soulevé des doutes sur ses liens avec le
Kremlin. Mardi, la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, s’est exprimée à la télévision depuis New York pour se dire « aux côtés » des manifestants qui protestent.
Selon un bilan communiqué mercredi, la police géorgienne a interpellé au moins 66 personnes lors de manifestations la veille à Tbilissi. Le ministère géorgien de l’Intérieur a ajouté que « près de 50 policiers » avaient été blessés lors de ces protestations, dispersées à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau.
Dans son communiqué Josep Borrell souligne que l’UE « demande instamment à la Géorgie de respecter son engagement en faveur de la promotion de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’homme, et rappelle le droit des citoyens à manifester pacifiquement ».
AFP