Malgré des gestes symboliques, la question chypriote ne progresse pas

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La sentinelle, dans sa guitoune, tente de rester stoïque. C’est l’effervescence dans la rue Ledra, la vieille artère commerçante de Nicosie, coupée en deux par la ligne verte qui traverse Chypre depuis l’invasion de la partie nord de l’île par l’armée turque en 1974. Devenue piétonne dans sa partie grecque, la rue y est jalonnée de terrasses de café ensoleillées. Le week-end dernier, les curieux s’y pressaient pour se prendre en photo devant la brèche que les bulldozers venaient d’ouvrir, le 9 mars, sur ordre du gouvernement de Chypre (grec), dans le mur qui sépare les deux parties de la ville.

Cette brèche, qui n’est encore que théorique, est une réponse aux autorités de la partie chypriote turque qui, en janvier, avaient fait démonter une passerelle métallique utilisée dans la zone frontalière par l’armée turque, malgré l’opposition de cette dernière. Cette réponse inattendue a été saluée par toutes les parties. « C’est un pas très positif », a souligné Michael Moller, chef de la force des Nations unies.

En plein coeur de la vieille ville, la rue Ledra divisée résume la situation du pays. C’est là qu’en 1963 sont apparues les premières barricades lors des affrontements intercommunautaires. « Une brèche à cet endroit peut rappeler aux gens qu’une réconciliation est possible », espère Nicolas Karageorgis, qui milite pour le rapprochement.

L’enthousiasme est cependant vite retombé. La brèche a été aussitôt refermée par une palissade en aluminium. L’ouverture du passage à la population, qui serait le sixième le long de la ligne verte, n’est pas encore d’actualité. « Nous voulons d’abord la démilitarisation de la zone », explique Erato Kozakou-Marcoulli, directrice de la question chypriote au ministère des affaires étrangères. Le gouvernement a fixé comme préalables le retrait des soldats turcs, l’étaiement de bâtiments endommagés et le déminage de la zone. Pour les Chypriotes turcs, c’est une pirouette pour retarder l’échéance. « La démilitarisation est un autre sujet, explique Hüseyin Özel, directeur du bureau officiel d’information. Cela prendra un an de plus. »

Depuis le rejet par la partie grecque du plan Annan pour la réunification de Chypre et l’intégration à l’Union européenne de la seule partie Sud, en 2004, les négociations piétinent. Malgré les pressions du commissaire européen à l’élargissement, Olli Rehn, et de la présidence allemande de l’Union, la levée des sanctions commerciales contre la partie turque, évoquée depuis trois ans mais à laquelle s’opposent les Grecs, se fait toujours attendre. « Le président Papadopoulos veut torpiller les promesses de Bruxelles sur le commerce direct avec le Nord. Les deux parties jouent un jeu stupide et s’éloignent d’une solution raisonnable », se désespère Dionisis Dionisiou, éditorialiste à Politis, le seul journal qui avait soutenu le plan Annan. « Nous ne sommes pas contre le commerce direct, assure Mme Kozakou-Marcoulli. Mais nous refusons de donner au Nord un avantage politique qui devienne un obstacle pour l’unification. »

Pas question donc de permettre à au gouvernement chypriote turc de contrôler officiellement son port de Famagouste. Pas question non plus de légaliser la situation de l’aéroport d’Ercan, dans la partie Nord, considéré comme « clandestin » par Nicosie malgré les milliers de touristes qui y transitent. Dans ce contexte tendu, les autorités chypriotes turques ne lâchent pas d’un pouce sur la question de Varosha, une ville fantôme encerclée par l’armée turque depuis 1974. Et Ankara refuse d’ouvrir ses ports et ses aéroports aux Chypriotes. Une position qui a conduit à la suspension des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, lors du sommet européen de décembre 2006.

De l’avis général, les élections prévues en Turquie en 2007 et à Chypre en 2008, constituent un sérieux obstacle à une prise de risque politique. Pourtant, d’après le dernier sondage Eurobaromètre publié fin février, la popularité du président Tassos Papadopoulos, issu de la droite nationaliste et dont le mandat arrive à expiration, est au plus bas. Mais l’opposition lui fait peu d’ombre. « Le président mène une politique nationale », affirme ainsi Neophytos Averoff, numéro deux du parti de la droite libérale (DISY).

Guillaume Perrier

Article paru dans l’édition du 14.03.07

LE MONDE

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Author: raffi

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