Le ciel était pluvieux mais cela n’a pas empêché plusieurs centaines de personnes de se retrouver dimanche 26 septembre devant l’ambassade d’Azerbaidjan, à l’appel du CCAF. Dont Jean-Christophe Buisson, directeur adjoint du Figaro Magazine qui a été dûment félicité par nombre d’Arméniens. A 15 heures, les drapeaux de la France, de l’Arménie et de l’Artsakh flottaient sur la tribune qui a accueilli plusieurs intervenants dont M. Veysel Keser, l’ancien maire Kurde HDP de la ville de Van, qui a été destitué par Erdogan avec plusieurs autres maires de sa formation en 2020. Nous étions jour pour jour à un an du début de la guerre.
Mourad Papazian, co-président du CCAF, a démarré cette manifestation en rappelant la situation de l’Artsakh et de l’Arménie, un pays en partie « envahit ». Il a redit la détermination de chacun à soutenir la cause arménienne, précisant au passage que pour la diaspora ce soutien constituait notre travail.
Puis Ara Toranian, co-président du CCAF, a affirmé qu’il fallait » s’engager car au Karabagh, en Arménie, comme sur la question des prisonniers des gens comptaient sur nous. » L’enjeu, a-t-il expliqué, c’est » le droit à l’existence des Arméniens dans cette région cent ans après le génocide. Nous avons le devoir d’être solidaire. » Le responsable politique a également adressé un message à la France dans lequel il lui a demandé de se mobiliser. » Un an après la reconnaissance par l’Assemblée nationale et le Sénat de la république du Haut-Karabagh, Emmanuel Macron dispose d’un socle pour prendre des initiatives, notamment en ce qui concerne les prisonniers de guerre. Agissez en faveur de l’Arménie, de la République du Haut-Karabagh comme vous en a donné mandat le Parlement, Monsieur le président. »
Isabelle Santiago, députée socialiste du Val-de-Marne lui a succédé et a rappelé l’action des députés pendant et après la guerre.
Patrick Karam, Vice-président du Conseil régional d’Ile-de-France, a constaté la situation difficile dans laquelle se trouvent les Arméniens : » Aujourd’hui le Haut-Karabagh vit dans la crainte de l’envahisseur ». il a aussi dénoncé » le silence de la communauté internationale », » l’impuissance de l’OTAN et l’Union européenne qui ne fait rien à cause de la Turquie ». » Les Arméniens sont seuls », a-t-il déclaré mais, plein d’espoir, a dit sa certitude que » tant qu’il restrea un Arménien sur cette terre, il y aura un Haut-Karabagh, il y aura une Arménie ».
Le sénateur des Hauts-de-Seine, membre du PCF et membre du groupe d’amitié France-Arménie, Pierre Ouzoulias, a bien sûr dit sa solidarité avec la cause arménienne » oubliée », les prisonniers et les familles endeuillées. Mais surtout, il a rappelé aux citoyens français d’origine arménienne qu’à sept mois des élections présidentielles, puis des législatives, il appartenait à chacun de se mobiliser et de contacter son maire, son député et le candidat à la fonction suprême pour remettre la reconnaissance du Haut-Karabagh à l’ordre du jour. car, a-t-il conclu, » sans cette reconnaissance il n’y aura pas de paix » dans la région. » Le droit des peuples à disposer d’eux-même doit être la norme ».
Veysel Keser s’est adressé aux Arméniens par l’intermédiaire d’une traductrice. Ce maire du HDP kurde de la ville de Van, démis par Erdogan, a affirmé que la guerre au Haut-Karabagh était une manifestation du panturquisme et du négationnisme qui est en cours depuis cent ans. Il constate que la Turquie refuse de se confronter à son passé et que donc le » massacre » continue. Il a qualifié de honteux le fait qu’Aliev ait exposé les casques des soldats arméniens dans une sorte de musée tout comme il a condamné l’envoi par Ankara de Djihadistes venus de Syrie et la vente de drones armés à bakou, un mois avant le début du conflit. Il a appelé à la libération des « otages prisonniers » et, avec une certaine émotion dans la voix, a rendu un » hommage aux victimes du génocide et à toutes les victimes arméniennes comme hrant Dink ».
S’en ont suivies les interventions de Jules Boyadjian, président du CDCA,
de Arthur Khandjian, maire adjoint à Issy-les-Moulineaux
et d’Alexis Govciyan, conseiller de Paris. L’ancien président du Comité 24 avril a dit la nécessité pour les Arméniens de faire union entre eux, avec la société française et l’Arménie. Il a achevé son intervention avec une phrase de H. Chiraz : » Eternels sont mes montagnes ». ‘ » Vous passerez Erdogan, Aliev, comme des vents fous ».
Après un mot de conclusion de Mourad Papazian, Ara Toranian a clôturé cette manifestation en rappelant que les Arméniens ne sont pas les seuls à avoir été abandonnés par » l’impuissance et la lâcheté internationale ». » Les Kurdes ont été abandonnés, les Arméniens, les Afghans, les démocrates de Turquie aussi. Nous, nous luttons pour le droit des peuples, pour la démocratie et le féminisme. Nous sommes déterminés. Ce ne sont pas les tyrans qui sont grands, mais nous qui ne sommes à genoux. Mais nous commençons à nous relever. »
PHOTOS JEAN ECKIAN
