Marge de manœuvre limitée de l’Arménie pour échapper aux griffes de l’ours Russe

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Depuis l’arrivée du gouvernement de Nikol Pachinian en Arménie au printemps 2018, rien de va plus entre Moscou et Erévan. Vladimir Poutine, le maître du Kremlin regardant avec mépris l’homme de « la Révolution de Velours » qui désire diffuser la démocratie en Arménie, satellite russe. L’effet de contagion redoutée de Moscou, place Erévan en zone rouge, voir noire aux yeux de Poutine régnant d’une main de fer tel un Tsar qui rêve d’une Grande Russie retrouvée.

L’Arménie peut-elle échapper aux griffes de l’ours Russe ? Poutine qui se désengage militairement de l’Arménie, lui fait perdre l’Artsakh et ne répond pas à ses engagements militaires conclus avec Erévan, désire affaiblir l’Arménie pour mieux la contrôler et la rendre docile.
L’Arménie, consciente de cette stratégie nouvelle de la Russie, tente de s’éloigner de cette Russie qui devient non pas protectrice…mais dangereuse.

Mais après près de deux siècles de domination russe dans ce Sud-Caucase, l’Arménie pourrait-elle s’écarter de Moscou sans payer le prix ? La Géorgie qui a pris la direction de l’OTAN, l’a appris à ses dépens en perdant l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. La perte de l’Artsakh par l’Arménie n’est-elle pas de cette logique, un avertissement de Moscou ? Le Syunik, le Zangezour arménien ne sera-t-il pas le second avertissement ? Le cynisme de Poutine qui compose, recompose et décompose au gré de ses ambitions, est de nature à faire craindre le pire à ceux qui ne lui obéissent pas !

Dans ces conditions de rapports tendus entre Erévan et Moscou, quelle est la marge de manœuvre du démocrate Pachinian qui tente de rejoindre -comme la Géorgie et l’Ukraine- l’Occident à commencer par l’Union européenne et en finir avec l’OTAN ?

L’Arménie, en se détachant de la sécurité militaire de la Russie en panne, cherche l’appui politique auprès de l’Europe et militaire auprès de l’OTAN, tout en cherchant une puissance protectrice et un allié militaire. L’Iran sent le souffre des mollahs, mais héritier de l’Empire Perse et ennemi historique de l’Empire ottoman aux ambitions dévorantes, Téhéran pourrait bien jouer le rôle d’arbitre ou d’équilibriste et protéger l’Arménie face à l’agression Pantouranienne déclarée tant par Erdogan qu’Aliev. Quant à l’Inde et la France, l’Arménie semble avoir trouvé en ces pays, ses fournisseurs d’armes capables de sécuriser ses frontières souveraines dans une stratégie de défense.
Mais la Russie qui laisse faire pour l’instant -l’Inde et l’Iran étant ses partenaires proches- pourrait sanctionner l’Arménie par la présence des armes françaises, la France étant membre de l’OTAN, ennemi-juré de Poutine…

Dans ce contexte très difficile, la marge de manœuvre de l’Arménie est très étroite. Le terrain est miné par la Russie et ses complices turco-azéris qui ne rêvent que d’une seule chose : terminer le génocide de 1915 et rayer de la carte l’Arménie, un gros caillou sur le chemin de la marche Pantouranienne.
Aussi, la position du gouvernement de Nikol Pachinian est celle d’un équilibriste au mieux, ou celle d’un funambule au pire. Une quelconque erreur, même anodine pourrait précipiter l’Arménie dans le précipice.

Afin que l’Arménie soit sauvée de la griffe de l’ours russe, l’Europe et les Etats-Unis doivent mettre toute leur volonté et leur poids pour donner à Erévan la force nécessaire à ce bras-de-fer avec Moscou. Sinon, le résultat est connu d’avance.

Cependant, même si politiquement et militairement, l’Arménie parvenait par miracle à sortir de l’orbite de la Russie, son économie liée à 80% avec celle de la Russie ne lui permettra pas d’avoir à court et moyen terme une totale indépendance de Moscou…

S’éloigner sans trop s’éloigner. Tourner le dos, mais pas complètement. Garder l’amitié mais avoir de nouveaux amis qui s’avèrent être des ennemis de l’ancien ami protecteur. Tels sont les nouveaux paradoxes de l’Arménie avec la Russie.

Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan
Author: Krikor Amirzayan

Krikor Amirzayan est un caricaturiste et journaliste arménien. Ses œuvres – articles et caricatures – paraissent dans différents titres de la presse en Arménie et en diaspora. En France il est l'un des rédacteurs du site d'information www.armenews.com. Il est l'auteur de deux livres de caricatures L'Indépendance (Erevan, 1995) et Oh ! Arménie, Arménie ! (Erevan, 1999). Il vit à Valence (France). En 2002 l'Express l'a désigné parmi « Les 50 qui font bouger Valence » Krikor Amirzayan a réalisé de nombreuses expositions de ses caricatures. Krikor Amirzayan a été décoré de la Médaille d'or du ministère de la Diaspora de la République d'Arménie, médaille qui lui fut remise le 14 novembre 2014 à Bourg-lès-Valence par l'ambassadeur d'Arménie en France Viguén Tchitétchian1. En juillet 2017 il reçut le 1er Prix de la "Défense de la langue arménienne" à Erévan par le ministère arménien de la Diaspora

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Richard Mallié

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